Art arabe, art musulman ou arts de l’Islam ?
L’existence des arts en l’Islam a été progressivement reconnue en Occident au cours du XIXe siècle, notamment grâce aux récits de voyageurs. En 1866, le critique Théophile Doré parle de « pays absolument sans art », alors que quelques décennies plus tard, le peintre Henri Matisse affirme : « l’Orient nous a sauvés ».
Qualifier cette production artistique a longtemps posé problème aux savants occidentaux. En 1893, à Paris, a eu lieu la première « exposition générale d’art musulman ». L’appellation « art musulman » est alors officiellement utilisée « pour les monuments des pays soumis à la loi de l’islam, qu’ils soient placés à l’Orient ou à l’Occident ». Ce nom met en avant l’idée d’unité religieuse ; pourtant une grande partie des œuvres alors exposées ne sont pas sacrées, mais profanes. D’autres appellations ont également été employées à la même période, comme « art arabe », « art persan », « art turc » ; elles se réfèrent aux préceptes de l’époque et jugent l’art de manière ethnique et raciale.
L’appellation « art islamique » a été préférée dans la deuxième moitié du XXe siècle. Toutefois, l’existence réelle d’un tel art, ou du moins de son unité, a été mise en doute par de nombreux auteurs. En 1971, l’exposition « Arts de l’Islam, des origines à 1700, dans les collections publiques françaises » au musée du Louvre, marque un nouveau tournant. Le pluriel est fréquemment employé par les historiens de l’art pour désigner l’ensemble des créations artistiques des pays sous influence musulmane. Le terme « Islam » s’écrit avec une majuscule car il désigne un ensemble de traits culturels, contrairement au mot « islam », avec une minuscule, qui désigne la religion dont le prophète est Muhammad.
Ainsi, la salle d’« art musulman », ouverte en 1905 au sein du département des Objets d’art du musée du Louvre, est devenue une section indépendante près d’un siècle plus tard : le département des arts de l’Islam. La question de l’existence ou non d’un « art islamique » reste toutefois posée, et continue à faire débat. Le pluriel est rarement employé en dehors de la France : le Metropolitan Museum of Art à New York a récemment rebaptisé ses salles islamiques « Galeries de l’art des pays arabes, de la Turquie, de l’Iran, de l’Asie Centrale et Méridionale », soulignant la diversité des œuvres et de leurs contextes.
Prenant le contrepied, l’Institut du monde arabe a quant à lui remis au goût du jour la notion d’« art arabe » après sa rénovation en 2008, en exposant des collections provenant de l’ensemble du monde arabe, de l’Antiquité préislamique à la période contemporaine.
Sarah Piram
Qualifier cette production artistique a longtemps posé problème aux savants occidentaux. En 1893, à Paris, a eu lieu la première « exposition générale d’art musulman ». L’appellation « art musulman » est alors officiellement utilisée « pour les monuments des pays soumis à la loi de l’islam, qu’ils soient placés à l’Orient ou à l’Occident ». Ce nom met en avant l’idée d’unité religieuse ; pourtant une grande partie des œuvres alors exposées ne sont pas sacrées, mais profanes. D’autres appellations ont également été employées à la même période, comme « art arabe », « art persan », « art turc » ; elles se réfèrent aux préceptes de l’époque et jugent l’art de manière ethnique et raciale.
L’appellation « art islamique » a été préférée dans la deuxième moitié du XXe siècle. Toutefois, l’existence réelle d’un tel art, ou du moins de son unité, a été mise en doute par de nombreux auteurs. En 1971, l’exposition « Arts de l’Islam, des origines à 1700, dans les collections publiques françaises » au musée du Louvre, marque un nouveau tournant. Le pluriel est fréquemment employé par les historiens de l’art pour désigner l’ensemble des créations artistiques des pays sous influence musulmane. Le terme « Islam » s’écrit avec une majuscule car il désigne un ensemble de traits culturels, contrairement au mot « islam », avec une minuscule, qui désigne la religion dont le prophète est Muhammad.
Ainsi, la salle d’« art musulman », ouverte en 1905 au sein du département des Objets d’art du musée du Louvre, est devenue une section indépendante près d’un siècle plus tard : le département des arts de l’Islam. La question de l’existence ou non d’un « art islamique » reste toutefois posée, et continue à faire débat. Le pluriel est rarement employé en dehors de la France : le Metropolitan Museum of Art à New York a récemment rebaptisé ses salles islamiques « Galeries de l’art des pays arabes, de la Turquie, de l’Iran, de l’Asie Centrale et Méridionale », soulignant la diversité des œuvres et de leurs contextes.
Prenant le contrepied, l’Institut du monde arabe a quant à lui remis au goût du jour la notion d’« art arabe » après sa rénovation en 2008, en exposant des collections provenant de l’ensemble du monde arabe, de l’Antiquité préislamique à la période contemporaine.
Sarah Piram
Pour aller plus loin :
- The Mirage of Islamic Art: Reflections on the Study of an Unwieldy Field, Sheila S. Blair, Jonathan M. Bloom, The Art Bulletin, mars 2003, 85, 1
- Purs décors ? Arts de l’Islam, regards du XIXe siècle, collections des arts décoratifs, Rémi Labrusse (dir.), [cat. exp. Paris, musée des Arts décoratifs, 2007-2008], Paris : Les Arts décoratifs, Musée du Louvre, 2007
- Islamophilies ,l’Europe moderne et les arts de l’islam, Rémi Labrusse, Salima Hellal (dirs.), [cat. exp. Lyon, musée des beaux-arts, 2011], Lyon : musée des beaux-arts, Paris : Somogy, 2001
- Manuel d’art musulman, 2 vols., Henri-Jules Saladin, Gaston Ligeon, Paris : A Picard, 1907
- The historiography of islamic art and architecture, Moya Carey (V&A) and Margaret S. Graves (Indiana University), Journal of art historiography, juin 2012, 6, Voir le site
- Département des arts de l’Islam , Musée du Louvre, Département des Arts de l'Islam, Voir le site
- Collections du musée , IMA, Institut du monde arabe, 2016, Voir le site
- Islamic art, THEMET, The Metropolitan Museum of Art , Voir le site