Art arabe ou arts de l'Islam ? #article

Quel est le roi des instruments dans la musique arabe ?

Oud de Rabat, Essaouira, musée Sidi Mohammed ibn Abdallah © Marocimages/IMA
Le mot oud signifie littéralement « morceau de bois » en arabe. Il désigne un luth à manche court, et dont les cordes sont pincées par un plectre (l’ancêtre de l’actuel médiator) taillé en corne de buffle ou, à défaut, en plastique. Il est composé d’une caisse de résonance piriforme en bois de noyer ou en bois d’érable et d’un manche qui se termine par un élément recourbé vers l’arrière, le cheviller, où s’attachent les cordes. Sa table en bois blanc est percée d’une grande rosace centrale et de deux petites situées de part et d’autre de la grande.

Considéré comme le « roi des instruments » de musique arabe, le oud a servi, depuis le Moyen Âge, de référence à la construction de la théorie musicale. Il a servi aux théoriciens de la musique arabe tels al-Farabi (Xe siècle), Avicenne (XIe siècle) et Al-Ourmawi (XIIIe siècle), pour décrire le système des échelles arabes. C’est aussi l’instrument indispensable des compositeurs et des chanteurs solistes. De Bagdad à Cordoue, il était indifféremment joué par les hommes et les femmes, bien qu’actuellement les luthistes hommes restent majoritaires.

La forme actuelle du oud commence à se préciser au VIe siècle, mais il faut attendre l’âge d’or de la civilisation arabe à partir du IXe siècle, pour que des musiciens tels qu’Ishaq al-Mawsili et des théoriciens comme al-Kindi le perfectionnent et lui donnent sa forme définitive. Jusqu’au IXe siècle, le oud avait quatre cordes en boyau, que les théoriciens arabes mettaient en correspondance avec les quatre « humeurs ». C’est le grand musicien et luthiste Ziryab, qui, au IXe siècle, l’aurait doté d’une cinquième corde, et aurait remplacé le traditionnel plectre en bois par une plume d’aigle. La sixième corde a été ajoutée à cet instrument au cours du XXe siècle.

Différentes écoles de oud se sont distinguées au cours du XXe siècle : l’école syrienne et égyptienne, plus récemment l’école libanaise, l’école irakienne et l’école yéménite, et enfin l’école maghrébine (Maroc, Algérie et Tunisie), héritière de la tradition arabo-andalouse. L’accord du oud change entre ces différentes écoles, mais le plus courant est le suivant, du grave vers l’aigu : fa2 ou sol2, la, ré, sol, do, fa4.

Oud de Rabat, Essaouira, musée Sidi Mohammed ibn Abdallah - ©Marocimages/IMA

Habib Yammine

Pour aller plus loin :

  • The Oud: construction and repair, Richard Hankey, Vancouver, Washington : Dr. Oud press, 2002
  • The mood of the 'ud : music and musical instruments of the islamic world, Rachel Hasson, Jerusalem : The L.A. Mayer Museum for Islamic Art, 2003
  • Luths d’Orient, Cité de la musique, Instruments du Musée, Voir le site

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