Depuis quand la peinture arabe existe-t-elle ?
Les premières peintures connues dans le monde arabe remontent au début du VIIIe siècle : il s’agit principalement de fresques avec des sujets profanes présentes dans des lieux de pouvoir. Également dédiée à une clientèle princière, la peinture de manuscrits connaît quant à elle son apogée au XIIIe siècle. Les styles employés par la suite, bien que fidèles à la tradition arabe, marquent un certain déclin.
Les sols et les murs des palais édifiés en Syrie et en Jordanie au VIIIe siècle présentent parfois de riches peintures inspirées des créations gréco-romaines, byzantines et perses. Dans les bains de Qusair Amra, en Jordanie, sont représentées des femmes nues ainsi que des scènes de chasse, des animaux, des rois et empereurs, etc. Le palais de Qasr al-Hayr al-Gharbi, en Syrie, rassemble de grandes compositions similaires. Ces édifices étaient situés en marge des villes, c’est pourquoi on les nomme souvent « châteaux du désert », même si ce nom ne reflète pas la diversité de leurs fonctions.
On trouve aussi des décors de fresques remarquables dans des villes, comme à Samarra en Irak. Capitale éphémère des califes abbassides, fondée en 836 et abandonnée en 883, ce site a livré de nombreux fragments de plâtre peint. Les représentations sont hiératiques, symétriques, presque immobiles. L’art de Samarra est probablement l’exemple le plus fidèle de la peinture arabe à ses origines. Trois siècles plus tard, le décor de la Chapelle palatine en est encore assez proche. De l’Irak à l’Italie, les figures restent donc majestueuses.
La vie de cour constitue le sujet principal de la peinture : princes assis en majesté, combats d’animaux, danseuses, musiciens… Ce choix de sujets s’explique par le fait que les représentations étaient avant tout dédiées à une bourgeoisie riche et cultivée, capable d’admirer les fresques des palais et de se procurer de luxueux livres illustrés. Les premières peintures de manuscrits se manifestent aux alentours du Xe siècle, mais c’est trois siècles plus tard qu’elles connaissent un véritable âge d’or, en Irak. Les artistes se mettent à illustrer des œuvres littéraires abondamment copiées tout au long de l’histoire arabe, comme les Séances (Maqamat) d’al-Hariri et les fables de Kalila wa Dimna. Ces dernières, rédigées en Inde et traduites en arabe au VIIIe siècle par Ibn al-Mouqaffa, ont été richement illustrées dès le XIIIe siècle. Elles mettent en lumière des scènes d’extérieur avec des représentations animales fantaisistes.
La prise de Bagdad par les armées mongoles, en 1258, marque un certain déclin dans l’art pictural arabe. On retrouve néanmoins des représentations peintes dans des manuscrits syriens et égyptiens, sous la domination des Mamelouks entre 1250 et 1517. Les peintures y sont beaucoup plus schématiques et déploient un style plus rigide. Un exemplaire des Maqamat datant de 1334, conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne, est marqué par le caractère figé des personnages sur un fond doré.
La peinture arabe connaît ensuite d’importantes évolutions, par l’assimilation d’autres styles : ottoman et perse dans un premier temps, européen dans un second temps. La représentation du volume des corps, l’apparition de la perspective ont redéfini la question de la modernité dans la peinture arabe. L’art contemporain arabe s’est largement éloigné des productions anciennes, en se mondialisant et en s’intéressant davantage à des problématiques stylistiques et identitaires.
Sarah Piram
Les sols et les murs des palais édifiés en Syrie et en Jordanie au VIIIe siècle présentent parfois de riches peintures inspirées des créations gréco-romaines, byzantines et perses. Dans les bains de Qusair Amra, en Jordanie, sont représentées des femmes nues ainsi que des scènes de chasse, des animaux, des rois et empereurs, etc. Le palais de Qasr al-Hayr al-Gharbi, en Syrie, rassemble de grandes compositions similaires. Ces édifices étaient situés en marge des villes, c’est pourquoi on les nomme souvent « châteaux du désert », même si ce nom ne reflète pas la diversité de leurs fonctions.
On trouve aussi des décors de fresques remarquables dans des villes, comme à Samarra en Irak. Capitale éphémère des califes abbassides, fondée en 836 et abandonnée en 883, ce site a livré de nombreux fragments de plâtre peint. Les représentations sont hiératiques, symétriques, presque immobiles. L’art de Samarra est probablement l’exemple le plus fidèle de la peinture arabe à ses origines. Trois siècles plus tard, le décor de la Chapelle palatine en est encore assez proche. De l’Irak à l’Italie, les figures restent donc majestueuses.
La vie de cour constitue le sujet principal de la peinture : princes assis en majesté, combats d’animaux, danseuses, musiciens… Ce choix de sujets s’explique par le fait que les représentations étaient avant tout dédiées à une bourgeoisie riche et cultivée, capable d’admirer les fresques des palais et de se procurer de luxueux livres illustrés. Les premières peintures de manuscrits se manifestent aux alentours du Xe siècle, mais c’est trois siècles plus tard qu’elles connaissent un véritable âge d’or, en Irak. Les artistes se mettent à illustrer des œuvres littéraires abondamment copiées tout au long de l’histoire arabe, comme les Séances (Maqamat) d’al-Hariri et les fables de Kalila wa Dimna. Ces dernières, rédigées en Inde et traduites en arabe au VIIIe siècle par Ibn al-Mouqaffa, ont été richement illustrées dès le XIIIe siècle. Elles mettent en lumière des scènes d’extérieur avec des représentations animales fantaisistes.
La prise de Bagdad par les armées mongoles, en 1258, marque un certain déclin dans l’art pictural arabe. On retrouve néanmoins des représentations peintes dans des manuscrits syriens et égyptiens, sous la domination des Mamelouks entre 1250 et 1517. Les peintures y sont beaucoup plus schématiques et déploient un style plus rigide. Un exemplaire des Maqamat datant de 1334, conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne, est marqué par le caractère figé des personnages sur un fond doré.
La peinture arabe connaît ensuite d’importantes évolutions, par l’assimilation d’autres styles : ottoman et perse dans un premier temps, européen dans un second temps. La représentation du volume des corps, l’apparition de la perspective ont redéfini la question de la modernité dans la peinture arabe. L’art contemporain arabe s’est largement éloigné des productions anciennes, en se mondialisant et en s’intéressant davantage à des problématiques stylistiques et identitaires.
Sarah Piram
Pour aller plus loin :
- La peinture arabe, Richard Ettinghausen, Genève : Skira, 1977
- L’art du livre arabe, du manuscrit au livre d’artiste, Marie-Geneviève Guesdon, Annie Vernay-Nouri (dirs.), cat. exp., Paris, Bibliothèque Nationale de France, 2001-2002], Paris : Bibliothèque Nationale de France, 2001. , Voir le site
- Les peintures de Qusayr ʿAmra, un bain omeyyade dans la bâdiya jordanienne, رسومات قصير عمرة، حمام أموي في البادية الأردنية , Claude Vibert-Guigue, Ghazi Bisheh, Beyrouth : IFPO, Amman : Département des antiquités de Jordanie, 2007
- La première peinture arabe, image des paradis profanes, Jean-Paul Roux, Clio, 2004, Voir le site