Les artistes musulmans représentent-ils des hommes et des animaux ?
La figuration, c’est-à-dire la représentation des hommes et des animaux, a fait l’objet de débats complexes dans le monde islamique. La crainte de l’idolâtrie se manifeste dès les origines de l’islam, dans le Coran et dans les traditions liées à la vie du Prophète. Dès les origines, aucun être animé ne figure dans les monuments et manuscrits religieux. Cette absence de figuration peut être perçue comme une volonté pour les musulmans de se démarquer du christianisme, encore majoritaire et riche en symboles visuels.
Ainsi orientés, les arts de l’Islam ont donné une place majeure à la calligraphie et au monde végétal. Néanmoins, des représentations figurées apparaissent très tôt dans le domaine profane, principalement dans les peintures, les céramiques et les métaux. Ces images s’imposent sur un mode narratif et sont d’une grande variété : scènes de chasse, scènes de banquet, personnage en trône et, dans une certaine mesure, scènes religieuses, où apparaissent des personnages sacrés comme Muhammad. En revanche, le dieu musulman n’est jamais représenté sous une forme figurée.
L’art figuratif a longtemps été réservé à une clientèle princière, riche et cultivée. On le retrouve dans les premiers exemples d’architecture palatiale du monde islamique. Au début du VIIIe siècle, dans le bain de Qusair Amra, en Jordanie, sont peintes des femmes nues, dans la tradition gréco-romaine. Ce sont principalement les traditions anciennes qui ont permis de perpétuer la représentation humaine et animale dans les arts de l’Islam. Les influences gréco-romaines, byzantines et sassanides y sont donc nombreuses. Seule la sculpture en trois dimensions n’a pas beaucoup été développée dans l’ensemble du monde islamique.
Dès les premiers siècles de l’islam, la figuration a adopté des trajectoires multiples selon les territoires et les dynasties qui s’y sont succédé. Les représentations figurées appartiennent généralement à un art de cour. Par exemple, en Espagne, on retrouve de nombreux personnages et animaux sur des objets précieux en ivoire, comme sur la Pyxide d’al-Mughira, datée de 968 et conservée au musée du Louvre. Ces images sont également fréquentes sur des textiles. En Égypte, l’art figuratif connaît de grands développements dans des matériaux comme les métaux, la céramique et le verre émaillé et doré. Cependant, après 1350, elle laisse place aux compositions géométriques et aux grandes épigraphies.
C’est sans doute dans l’art des manuscrits que s’est le plus épanouie la figuration. Les images apparaissent d’abord dans des ouvrages scientifiques et techniques, puis dans les ouvrages littéraires. Les plus importants textes illustrés sont les Maqamat et le recueil de fables Kalila wa Dimna, au XIIIe siècle. Ces ouvrages ont connu une longue postérité, c’est pourquoi ils ont été copiés pendant des siècles. De même, le Traité des étoiles fixes, écrit par l’astronome al-Soufi et copié par son fils est un manuscrit scientifique souvent illustré dans le monde islamique. Les constellations y sont représentées sous forme humaine, selon la tradition grecque. Mais les costumes s’ancrent parfaitement dans les traditions islamiques.
En dehors du monde arabe, les dynasties turques et iraniennes ont renouvelé les différentes formes figuratives. Le développement du soufisme et les influences européennes ont favorisé des représentations parfois très réalistes, avec l’apparition du portrait, du modelé et de la perspective.
Sarah Piram
Ainsi orientés, les arts de l’Islam ont donné une place majeure à la calligraphie et au monde végétal. Néanmoins, des représentations figurées apparaissent très tôt dans le domaine profane, principalement dans les peintures, les céramiques et les métaux. Ces images s’imposent sur un mode narratif et sont d’une grande variété : scènes de chasse, scènes de banquet, personnage en trône et, dans une certaine mesure, scènes religieuses, où apparaissent des personnages sacrés comme Muhammad. En revanche, le dieu musulman n’est jamais représenté sous une forme figurée.
L’art figuratif a longtemps été réservé à une clientèle princière, riche et cultivée. On le retrouve dans les premiers exemples d’architecture palatiale du monde islamique. Au début du VIIIe siècle, dans le bain de Qusair Amra, en Jordanie, sont peintes des femmes nues, dans la tradition gréco-romaine. Ce sont principalement les traditions anciennes qui ont permis de perpétuer la représentation humaine et animale dans les arts de l’Islam. Les influences gréco-romaines, byzantines et sassanides y sont donc nombreuses. Seule la sculpture en trois dimensions n’a pas beaucoup été développée dans l’ensemble du monde islamique.
Dès les premiers siècles de l’islam, la figuration a adopté des trajectoires multiples selon les territoires et les dynasties qui s’y sont succédé. Les représentations figurées appartiennent généralement à un art de cour. Par exemple, en Espagne, on retrouve de nombreux personnages et animaux sur des objets précieux en ivoire, comme sur la Pyxide d’al-Mughira, datée de 968 et conservée au musée du Louvre. Ces images sont également fréquentes sur des textiles. En Égypte, l’art figuratif connaît de grands développements dans des matériaux comme les métaux, la céramique et le verre émaillé et doré. Cependant, après 1350, elle laisse place aux compositions géométriques et aux grandes épigraphies.
C’est sans doute dans l’art des manuscrits que s’est le plus épanouie la figuration. Les images apparaissent d’abord dans des ouvrages scientifiques et techniques, puis dans les ouvrages littéraires. Les plus importants textes illustrés sont les Maqamat et le recueil de fables Kalila wa Dimna, au XIIIe siècle. Ces ouvrages ont connu une longue postérité, c’est pourquoi ils ont été copiés pendant des siècles. De même, le Traité des étoiles fixes, écrit par l’astronome al-Soufi et copié par son fils est un manuscrit scientifique souvent illustré dans le monde islamique. Les constellations y sont représentées sous forme humaine, selon la tradition grecque. Mais les costumes s’ancrent parfaitement dans les traditions islamiques.
En dehors du monde arabe, les dynasties turques et iraniennes ont renouvelé les différentes formes figuratives. Le développement du soufisme et les influences européennes ont favorisé des représentations parfois très réalistes, avec l’apparition du portrait, du modelé et de la perspective.
Sarah Piram
Pour aller plus loin :
- L'Islam des théophanies, Souâd Ayada, Paris : CNRS Éditions, 2010
- L'image dans le monde arabe, Gilbert Beaugé et Jean-François Clément, Paris : CNRS Éditions, 1995
- Un art figuratif en islam , Annie Vernay-Nouri, BNF, 2011 , Voir le site
- Représentation figurée dans les arts de l’Islam , wikipédia, version du 30 juillet 2016 , Voir le site
- Figural representation in Islamic art, THEMET, Metropolitan Museum of Art, 2001, Voir le site