Parlez-vous arabe ?
Un des aspects les plus fascinants des langues est leur évolution constante, en lien avec les faits historiques ou les contacts avec d'autres cultures. L’arabe, par exemple, a influencé très fortement la langue maltaise, qui en garde aujourd’hui la forme du duel pour les noms et les conjugaisons. Ces emprunts servent souvent à désigner de nouveaux objets ou répondent simplement à un effet de mode. Ainsi parle-t-on en France de « booker une chambre d’hôtel sur son smartphone ».
À partir du Moyen Âge, la langue arabe a influé sur le français en introduisant de nouveaux mots, directement ou par le biais d'autres langues. En particulier, des noms de fruits et de légumes jusque-là peu ou pas connus ont été adoptés lorsque ces derniers furent introduits en Espagne islamique. C'est le cas des épinards, de l'estragon, du safran, des abricots et des pastèques, pour n'en citer que quelques-uns. Si certains noms d'animaux sont naturellement associés à la sphère arabe, comme la gazelle, d'autres tels la girafe et le bardot – le croisement d'un étalon et d'une ânesse – peuvent surprendre.
Le commerce florissant qui régna en Méditerranée jusqu'au XVIe siècle enrichit considérablement la langue française de mots désignant des produits ou ustensiles inconnus en France comme le coton, le satin, le talc, les tasses ou le fardeau, mais aussi la façon de quantifier et payer les marchandises (tare, quintal, tarif).
Les sciences eurent aussi leur part d’apports provenant de l’arabe, en premier lieu l’algèbre avec ses chiffres et son zéro, mais aussi l’alchimie avec l’usage de l’alambic pour distiller l’alcool. N’oublions pas l’antimoine dont on retrouve trace dans des traités de médecine arabe vers 1100.
Plus tard, à l'époque des colonies (XIXe et XXe siècles), d'autres termes s'ajoutèrent, avec une connotation parfois légèrement péjorative : smala, nouba, clebs, maboul, bled, souk, toubib, chouia, ramdam...
Aujourd'hui encore, les mots d'origine arabe continuent à affluer dans la langue française. Par le biais des journalistes, afin d'expliquer l'actualité (fatwa, moudjahidines, sharia) ; mais aussi par la voie (et la voix) d'une nouvelle génération d'enfants d'immigrés. Dans les lycées, les filles parlent de leur halal (petit ami), les garçons du lahess (la crise, la dèche), et tous s’écrivent des e-mails avec des arobases. Ainsi des mots issus des dialectes maghrébins sont employés dans un discours français, avec parfois un nouveau sens ajouté.
Joumana Barkoudah
À partir du Moyen Âge, la langue arabe a influé sur le français en introduisant de nouveaux mots, directement ou par le biais d'autres langues. En particulier, des noms de fruits et de légumes jusque-là peu ou pas connus ont été adoptés lorsque ces derniers furent introduits en Espagne islamique. C'est le cas des épinards, de l'estragon, du safran, des abricots et des pastèques, pour n'en citer que quelques-uns. Si certains noms d'animaux sont naturellement associés à la sphère arabe, comme la gazelle, d'autres tels la girafe et le bardot – le croisement d'un étalon et d'une ânesse – peuvent surprendre.
Le commerce florissant qui régna en Méditerranée jusqu'au XVIe siècle enrichit considérablement la langue française de mots désignant des produits ou ustensiles inconnus en France comme le coton, le satin, le talc, les tasses ou le fardeau, mais aussi la façon de quantifier et payer les marchandises (tare, quintal, tarif).
Les sciences eurent aussi leur part d’apports provenant de l’arabe, en premier lieu l’algèbre avec ses chiffres et son zéro, mais aussi l’alchimie avec l’usage de l’alambic pour distiller l’alcool. N’oublions pas l’antimoine dont on retrouve trace dans des traités de médecine arabe vers 1100.
Plus tard, à l'époque des colonies (XIXe et XXe siècles), d'autres termes s'ajoutèrent, avec une connotation parfois légèrement péjorative : smala, nouba, clebs, maboul, bled, souk, toubib, chouia, ramdam...
Aujourd'hui encore, les mots d'origine arabe continuent à affluer dans la langue française. Par le biais des journalistes, afin d'expliquer l'actualité (fatwa, moudjahidines, sharia) ; mais aussi par la voie (et la voix) d'une nouvelle génération d'enfants d'immigrés. Dans les lycées, les filles parlent de leur halal (petit ami), les garçons du lahess (la crise, la dèche), et tous s’écrivent des e-mails avec des arobases. Ainsi des mots issus des dialectes maghrébins sont employés dans un discours français, avec parfois un nouveau sens ajouté.
Joumana Barkoudah
Pour aller plus loin :
- Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et turque et persane), Salah Guemriche, Paris : Seuil, 2007
- Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey (dir.), Paris : Le Robert, 2012
- Arabesques, l’aventure de la langue arabe en Occident, Henriette Walter, Bassam Baraké, Paris : Robert Laffont, éditions du temps, 2006
- Les expressions de lycéens , Voir le site