Les sciences #article

Qui est le plus célèbre géographe arabe ?

Copie datée de 1465, faite au Caire, de la mappemonde d’al-Idrisi. Selon les normes des géographes musulmans, la carte est orientée vers le sud, et non vers le nord © Universal History Archive/UIG/Bridgeman Images
Figure majeure de la science arabe du XIIe siècle, al-Idrisi est autant réputé pour ses travaux géographiques que pour son lignage. Il est en effet un membre de la famille Idrisside, qui régnait sur le Maroc quelques siècles avant sa naissance.

Les étapes de la vie de ce personnage ne sont pas connues avec précision, bien que certains historiens ultérieurs, comme al-Safadi (XIVe siècle), aient tenté de réaliser sa biographie. Al-Idrisi est peut-être né en Sicile ou dans la péninsule Ibérique autour de l’an mil. Il part étudier la médecine et la pharmacologie vers l’âge de 16 ans, à Cordoue, alors l’un des grands centres intellectuels et politiques du monde islamique. Grand voyageur, il est par la suite invité en 1138 à la cour de Roger II, roi chrétien de Sicile descendant des conquérants normands de l’Italie du sud.

Il y dirige sous le patronage royal l’élaboration d’une carte du monde connu. Ce travail donne lieu à la réalisation d’un ouvrage cartographique et d’une « sphère » en argent, connue sous le nom de Tabula Rogeriana. Aujourd’hui perdue, cette dernière était la modélisation en volume des indications de l’ouvrage : il s’agissait d’une représentation ovoïde du monde, gravée et moulée d’éléments en relief. L’ouvrage associé, le Kitab Roujar (Livre de Roger), avait été rédigé grâce à une méthode innovante de compilation des informations, basée sur des recherches dans les archives royales de la Sicile normande et sur l’envoi d’enquêteurs et de dessinateurs dans certaines régions mal connues. La carte, subdivisée en 7 « climats », restait cependant tributaire de travaux antérieurs, en particulier antiques.

La Tabula Rogeriana et le Kitab Roujar, fruits de plus de quinze années de travail d’al-Idrisi, connaissent une grande postérité dans les travaux scientifiques contemporains et ultérieurs. Ce sont donc des jalons importants dans l’histoire des recherches scientifiques arabes du Moyen Âge.

Copie datée de 1465, faite au Caire, de la mappemonde d’al-Idrisi. Selon les normes des géographes musulmans, la carte est orientée vers le sud, et non vers le nord © Universal History Archive/UIG/Bridgeman Images

Guilhem Dorandeu

Pour aller plus loin :

  • La Première géographie de l’Occident, Idrīsī, Henri Bresc, Annliese Nef (éds.), Paris, Flammarion, 1999
  • Le monde selon Idrisi , Emmanuelle Tixier du Mesnil, L’Histoire, février 2012, 384, p. 80-85
  • « Al-Idrīsī : un complément d’enquête biographique », Géographes et voyageurs au Moyen Âge, Anneliese Nef, Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest, 2010 , Voir le site
  • La géographie d’al-Idrisi, Dossiers pédagogiques de la BNF, Voir le site

Partager cet article sur :