Comment s’organisent les familles dans le monde arabe ?
La famille est la plus petite structure d’une société. De ce fait, elle en reflète toutes les transformations et ne peut évoluer que si la société, de manière globale, change. Le cas du monde arabe est très révélateur à ce point de vue. Même s’il y existe plusieurs sociétés différentes, en fonction de critères géographiques, religieux ou de richesses, et même si les normes sociales ne cessent de se modifier, on peut relever plusieurs tendances communes.
Traditionnellement, la famille arabe est qualifiée de « patriarcale », c’est-à-dire qu’elle se caractérise par la supériorité des générations anciennes sur les jeunes et par la domination des hommes sur les femmes. Elle est également « patrilocale » : le jeune couple s’installe le plus souvent du côté de la famille du mari. Il peut éventuellement résider avec les parents du mari, dans le cadre d’un ménage complexe. La structure de la famille arabe est élargie et communautaire, puisqu’elle rassemble non seulement les parents et les enfants, mais aussi les aïeux, les oncles et les tantes, les cousins proches et éloignés. On relève enfin une tendance à l’endogamie, système qui privilégie le mariage consanguin, comme l’union entre les enfants de deux frères, ou éventuellement d’un frère et d’une sœur ou de deux sœurs. Ce type de mariage permet le repli du groupe familial sur lui-même.
Vis-à-vis du mariage et des affaires familiales, le droit musulman prévoit deux pratiques : la répudiation et la polygamie, qui permettent à l’homme d’être l’époux de plusieurs femmes, soit successivement, soit simultanément. La première, qui fait du divorce une initiative de l’homme, a été répandue à diverses périodes. La seconde qui permet à l’homme marié de contracter un nouveau mariage sans que son mariage précédent ait été rompu, dans la limite de quatre épouses simultanées, n’a vraisemblablement jamais été une pratique très populaire chez les Arabes. Elle était pratiquée essentiellement pour des raisons de prestige dans les hautes sphères de la société. Elle a de plus décliné dans la plupart des sociétés arabes au cours du XXe siècle mais de façon plus ou moins prononcée de l’une à l’autre et selon les conditions sociales. De nos jours la pratique de la polygamie est remise en cause par la diffusion de l’instruction scolaire.
Le divorce est au contraire une pratique très commune, qui évolue sous l’effet des grandes mutations sociales et économiques, comme l’urbanisation, la diffusion de l’instruction scolaire, l’avènement de l’économie monétaire, la salarisation des travailleurs, ou encore la naissance du travail féminin hors de la maisonnée.
Aujourd’hui, il est possible de voir l’émergence d’un nouveau modèle de famille arabe. Une des principales transformations en cours est l’érosion des familles étendues, élargies ou communautaires, au profit de la famille nucléaire, concentrée sur les couple et les enfants. Ce changement est lié à une dynamique d’individualisation, notamment en milieu urbain, chez les populations les plus éduquées. Il reflète un désir d’autonomie et d’affranchissement à l’égard de la pression sociale et familiale et contribue à affaiblir l’autorité traditionnelle de la famille patriarcale, où le pouvoir est détenu normalement par l’homme le plus âgé. Au contraire, dans la famille nucléaire les enfants sont moins nombreux, plus instruits, et les relations mari-épouse, parents-enfants deviennent plus égalitaires.
Bien qu’il ait été longtemps découragé, le célibat est devenue une réalité dans les sociétés arabes. Le mariage n’est plus considéré comme une obligation sacrée. La famille, qu’elle soit élargie ou restreinte, la tribu, la société n’ont plus le pouvoir de contraindre les enfants à se marier et à se reproduire.
Au cœur de ces transformations sociétales, les femmes arabes jouent un rôle très important. Elles ont modifié la structure et la physionomie des familles et des populations de leurs pays, grâce à l’élévation de leur niveau d’éducation. De fait, le niveau d’instruction des jeunes filles peut avoir un impact sur le choix du mari, le nombre d’enfants qu’elles ont une fois mariées et sur leur âge au moment de leur premier mariage. Les femmes deviennent plus autonomes, de plus en plus chefs de famille, pour des raisons personnelles ou démographiques, et elles sont de plus en plus nombreuses à demander le divorce.
Chiara Diana
Traditionnellement, la famille arabe est qualifiée de « patriarcale », c’est-à-dire qu’elle se caractérise par la supériorité des générations anciennes sur les jeunes et par la domination des hommes sur les femmes. Elle est également « patrilocale » : le jeune couple s’installe le plus souvent du côté de la famille du mari. Il peut éventuellement résider avec les parents du mari, dans le cadre d’un ménage complexe. La structure de la famille arabe est élargie et communautaire, puisqu’elle rassemble non seulement les parents et les enfants, mais aussi les aïeux, les oncles et les tantes, les cousins proches et éloignés. On relève enfin une tendance à l’endogamie, système qui privilégie le mariage consanguin, comme l’union entre les enfants de deux frères, ou éventuellement d’un frère et d’une sœur ou de deux sœurs. Ce type de mariage permet le repli du groupe familial sur lui-même.
Vis-à-vis du mariage et des affaires familiales, le droit musulman prévoit deux pratiques : la répudiation et la polygamie, qui permettent à l’homme d’être l’époux de plusieurs femmes, soit successivement, soit simultanément. La première, qui fait du divorce une initiative de l’homme, a été répandue à diverses périodes. La seconde qui permet à l’homme marié de contracter un nouveau mariage sans que son mariage précédent ait été rompu, dans la limite de quatre épouses simultanées, n’a vraisemblablement jamais été une pratique très populaire chez les Arabes. Elle était pratiquée essentiellement pour des raisons de prestige dans les hautes sphères de la société. Elle a de plus décliné dans la plupart des sociétés arabes au cours du XXe siècle mais de façon plus ou moins prononcée de l’une à l’autre et selon les conditions sociales. De nos jours la pratique de la polygamie est remise en cause par la diffusion de l’instruction scolaire.
Le divorce est au contraire une pratique très commune, qui évolue sous l’effet des grandes mutations sociales et économiques, comme l’urbanisation, la diffusion de l’instruction scolaire, l’avènement de l’économie monétaire, la salarisation des travailleurs, ou encore la naissance du travail féminin hors de la maisonnée.
Aujourd’hui, il est possible de voir l’émergence d’un nouveau modèle de famille arabe. Une des principales transformations en cours est l’érosion des familles étendues, élargies ou communautaires, au profit de la famille nucléaire, concentrée sur les couple et les enfants. Ce changement est lié à une dynamique d’individualisation, notamment en milieu urbain, chez les populations les plus éduquées. Il reflète un désir d’autonomie et d’affranchissement à l’égard de la pression sociale et familiale et contribue à affaiblir l’autorité traditionnelle de la famille patriarcale, où le pouvoir est détenu normalement par l’homme le plus âgé. Au contraire, dans la famille nucléaire les enfants sont moins nombreux, plus instruits, et les relations mari-épouse, parents-enfants deviennent plus égalitaires.
Bien qu’il ait été longtemps découragé, le célibat est devenue une réalité dans les sociétés arabes. Le mariage n’est plus considéré comme une obligation sacrée. La famille, qu’elle soit élargie ou restreinte, la tribu, la société n’ont plus le pouvoir de contraindre les enfants à se marier et à se reproduire.
Au cœur de ces transformations sociétales, les femmes arabes jouent un rôle très important. Elles ont modifié la structure et la physionomie des familles et des populations de leurs pays, grâce à l’élévation de leur niveau d’éducation. De fait, le niveau d’instruction des jeunes filles peut avoir un impact sur le choix du mari, le nombre d’enfants qu’elles ont une fois mariées et sur leur âge au moment de leur premier mariage. Les femmes deviennent plus autonomes, de plus en plus chefs de famille, pour des raisons personnelles ou démographiques, et elles sont de plus en plus nombreuses à demander le divorce.
Chiara Diana
Pour aller plus loin :
- Histoire de la famille, André Burguière (dir.), Paris : Armand Colin, 1986
- The new Arab family, Nicholas S. Hopkins, New York, Le Caire : American University in Cairo Press, 2003
- Family law in Islam, divorce, marriage and women in the Muslim world, Maaike Voorhoeve (éd.), London, New York : I. B. Tauris, 2012
- Mariage et famille dans le golfe Arabe : vers un bouleversement politique ?, Françoise de Bel-Air, Espaces, populations, sociétés, 2012, 2, p. 79-96 , Voir le site
- Dossier : femmes, famille et droit au Maghreb , Eric Gobe (dir.), L’année du Maghreb, 2005-2006, II , Voir le site