Pourquoi les noms arabes sont-ils aussi longs ?
Dans le monde arabe, le schéma prénom(s)/nom de famille n’est apparu qu’avec la colonisation. Plusieurs manières de nommer les personnes coexistent encore de nos jours.
Le prénom
La langue arabe puise dans tout son lexique pour les constituer. Il peut s’agir par exemple d’adjectifs utilisés en tant que noms propres : Jamila (belle), Hassan (bon) ; de noms tirés de la tradition religieuse : Issa (Jésus), Maryam (Marie), Moussa (Moïse), Boutros (Pierre) ; ou encore de références à la nature : Nour (lumière), Najma (étoile).
Le nasab
Le deuxième élément le plus important du nom propre en arabe est le nasab. C’est la filiation d’un individu. Cela consiste à placer après son prénom « ibn/bint (fils/fille d’) untel ». Ce procédé est également de rigueur concernant les femmes : dans le monde arabe, une femme ne prend pas le nom de son époux. La généalogie occupe une place très importante, notamment au Proche-Orient. Il n’est pas rare que les gens connaissent les noms de leurs ascendants sur de très nombreuses générations.
La kounya
Il peut être malpoli de nommer quelqu’un par son prénom. La kounya fait donc office de surnom. Si elle semble avoir toujours existé, son usage s’est perdu au Maghreb ; en revanche, elle reste très utilisée en Orient, principalement en Syrie, au Liban et en Palestine. Elle fonctionne de manière inverse du nasab : c’est la descendance que l’on met en avant. Ainsi, on nommera volontiers les personnes « Abou/Oumm (père/mère d’) untel ». La kounya se construit avec le prénom de l’enfant ainé, masculin s’il y en a un. Même les enfants la portent ; elle est alors construite sur le prénom du père.
La nisba
C’est un adjectif d’appartenance. Elle pourra servir à désigner l’origine géographique ou tribale, l’appartenance à un courant etc. Ainsi, al-Dimashqi désignera un damascène, al-Maliki un adepte du malikisme. Bien entendu, la nisba finit par se transmettre de génération en génération et fait aujourd’hui souvent office de patronyme. Elle n’a donc généralement plus de rapport avec la personne qui la porte, de même qu’un Dupont n’habitera probablement pas près d’un pont de nos jours.
Enfin à tout cela peuvent s’ajouter des noms de métiers, des surnoms liés au physique ou au caractère, à la religiosité, tous évidemment positifs ou négatifs. S’il peut véritablement être à rallonge, le nom arabe est en fait plus une titulature, et porte de nombreuses informations.
Ludwig Ruault
Le prénom
La langue arabe puise dans tout son lexique pour les constituer. Il peut s’agir par exemple d’adjectifs utilisés en tant que noms propres : Jamila (belle), Hassan (bon) ; de noms tirés de la tradition religieuse : Issa (Jésus), Maryam (Marie), Moussa (Moïse), Boutros (Pierre) ; ou encore de références à la nature : Nour (lumière), Najma (étoile).
Le nasab
Le deuxième élément le plus important du nom propre en arabe est le nasab. C’est la filiation d’un individu. Cela consiste à placer après son prénom « ibn/bint (fils/fille d’) untel ». Ce procédé est également de rigueur concernant les femmes : dans le monde arabe, une femme ne prend pas le nom de son époux. La généalogie occupe une place très importante, notamment au Proche-Orient. Il n’est pas rare que les gens connaissent les noms de leurs ascendants sur de très nombreuses générations.
La kounya
Il peut être malpoli de nommer quelqu’un par son prénom. La kounya fait donc office de surnom. Si elle semble avoir toujours existé, son usage s’est perdu au Maghreb ; en revanche, elle reste très utilisée en Orient, principalement en Syrie, au Liban et en Palestine. Elle fonctionne de manière inverse du nasab : c’est la descendance que l’on met en avant. Ainsi, on nommera volontiers les personnes « Abou/Oumm (père/mère d’) untel ». La kounya se construit avec le prénom de l’enfant ainé, masculin s’il y en a un. Même les enfants la portent ; elle est alors construite sur le prénom du père.
La nisba
C’est un adjectif d’appartenance. Elle pourra servir à désigner l’origine géographique ou tribale, l’appartenance à un courant etc. Ainsi, al-Dimashqi désignera un damascène, al-Maliki un adepte du malikisme. Bien entendu, la nisba finit par se transmettre de génération en génération et fait aujourd’hui souvent office de patronyme. Elle n’a donc généralement plus de rapport avec la personne qui la porte, de même qu’un Dupont n’habitera probablement pas près d’un pont de nos jours.
Enfin à tout cela peuvent s’ajouter des noms de métiers, des surnoms liés au physique ou au caractère, à la religiosité, tous évidemment positifs ou négatifs. S’il peut véritablement être à rallonge, le nom arabe est en fait plus une titulature, et porte de nombreuses informations.
Ludwig Ruault
Pour aller plus loin :
- Noms de personnes en Islam, Annemarie Schimmel, Paris : PUF, 1998
- Le voile du nom, essai sur le nom propre arabe, Jacqueline Sublet, Paris : PUF, 1991
- Da’ud ibn Auda, David B. Appelton, “Period Arabic Names and Naming Practices”, 2003, Voir le site