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Quel est l’impact des réseaux sociaux dans le monde arabe ?

Pancarte lors des manifestations du 25 janvier 2011 au Caire © Essam Sharaf (CC BY-SA 3.0)
Tout comme le taux de pénétration d’Internet, l’utilisation des réseaux sociaux a connu une très forte progression ces dernières années dans l’ensemble des pays arabes. Ainsi, en 2014, on comptait environ 82 millions d’utilisateurs de réseaux dans le monde arabe : six fois plus qu’un an auparavant ! Ce chiffre représente un près d’un quart de la population totale du monde arabe, population en grande partie jeune, éduquée... et militante.

Dès les premiers soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte, à la fin de l’année 2010, d’aucuns les ont qualifiés de « révolutions Facebook ». Facebook et Twitter jouent en effet un rôle majeur dans la mobilisation citoyenne à l’origine du renversement des régimes en place. Avec les « printemps arabes », la région connaît un basculement vers une mobilisation civique et politique en ligne. Des notions comme « cyber-citoyenneté » et « cyber-activisme » font leur apparition pour définir les nouveaux acteurs qui occupent aujourd’hui les sphères politiques et sociales dans la région.

Les réseaux sociaux représentent un espace de contestation, de mobilisation, d’information ainsi qu’un outil d’action, inévitable à la fois pour les citoyens et les gouvernements. Les premiers les utilisent pour diffuser des informations, organiser des manifestations ou sensibiliser l’opinion sur des événements locaux ou mondiaux. Les seconds s’en servent quant à eux pour engager un dialogue avec les citoyens et les encourager à participer aux initiatives gouvernementales. Cela ne les empêche pas de bloquer l’accès à des sites Internet ou surveiller les informations publiées sur le Web, afin d’endiguer certains mouvements de contestation.

L’utilisation massive des réseaux sociaux, notamment par les jeunes générations, a clairement permis l’émergence d’un nouvel idéal au sein des sociétés civiles des pays de la région : la « citoyenneté active ». Seul l’avenir pourra déterminer quel sera son impact à long terme sur les modes de gouvernement de la région.
Khadidja Guebache

Pour aller plus loin :

  • Les réseaux sociaux sur Internet à l'heure des transitions démocratiques, Najar Sihem (dir.), Tunis : IRMC, Paris : Karthala, 2013
  • La révolte en réseau : le ‘printemps arabe’ et les médias sociaux , David M. Faris, Politique étrangère, 2012, 1, p. 99-109 , Voir le site
  • Internet, le ‘Printemps arabe’ et la dévaluation du cyberactivisme arabe, Yves Gonzales-Quijano, Égypte/monde arabe, 2015, troisième série, 12, Voir le site
  • La révolution tunisienne : interactions entre militantisme de terrain et mobilisation des réseaux sociaux, Zeineb Touati, L’Année du Maghreb, VIII | 2012, 121-141, Voir le site

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