Les pays arabes manquent-ils d’eau ?
Le monde arabe est marqué par une forte aridité. À part les hauteurs littorales du Mont Liban, du Hedjaz ou de l’Atlas, l’intérieur des terres reçoit généralement moins de 250 mm de pluies par an en moyenne. Néanmoins, ces pays disposent de ressources hydrologiques importantes. Trois des plus grands fleuves du monde, le Nil, le Tigre et l’Euphrate, qui prennent leurs sources dans des pays non arabes, traversent le Moyen-Orient. De nombreux cours d’eau coulent au Maghreb, sans se diriger vers la mer. Dans la péninsule Arabique, des oasis affleurent dans le désert, alimentées par les écoulements souterrains en provenance de la région côtière du Hijaz, à l’ouest du pays.
Une longue tradition hydraulique existe pour exploiter ces ressources. De nombreux systèmes d’élévation (les norias) et galeries drainantes (les qanats ou khettaras) pouvaient alimenter jusqu’à cinquante hectares chacun au Moyen Âge. À l’époque abbasside (750-1258), un corps d’ingénieurs hydrauliciens constituait même une sorte de technocratie avant l’ère moderne. Ils ont écrit de nombreux ouvrages théoriques en mécanique des fluides et réalisé des prouesses techniques, comme un aqueduc souterrain drainant l’eau sur une distance de 70 km de Taïf à La Mecque.
Depuis le milieu du XXe siècle, ces techniques ont été remplacées par des stations de pompage individuelles et collectives, ainsi que par de grands barrages, comme ceux de Tabqa (Syrie) et d’Assouan (Égypte), parmi les plus hauts du monde. Ces grands ouvrages modernes ont tendance à dégrader l’environnement. En outre, les choix de spécialisation dans des cultures d’exportation comme le coton et la rose, très consommatrices en eau, sont à l’origine d’une surexploitation des ressources. Les bilans hydriques négatifs actuels sont donc plus liés à un problème de gestion, propre à la modernité, souvent prédatrice pour l'environnement, qu’à un manque de ressources en lui-même.
Roman Foy
Une longue tradition hydraulique existe pour exploiter ces ressources. De nombreux systèmes d’élévation (les norias) et galeries drainantes (les qanats ou khettaras) pouvaient alimenter jusqu’à cinquante hectares chacun au Moyen Âge. À l’époque abbasside (750-1258), un corps d’ingénieurs hydrauliciens constituait même une sorte de technocratie avant l’ère moderne. Ils ont écrit de nombreux ouvrages théoriques en mécanique des fluides et réalisé des prouesses techniques, comme un aqueduc souterrain drainant l’eau sur une distance de 70 km de Taïf à La Mecque.
Depuis le milieu du XXe siècle, ces techniques ont été remplacées par des stations de pompage individuelles et collectives, ainsi que par de grands barrages, comme ceux de Tabqa (Syrie) et d’Assouan (Égypte), parmi les plus hauts du monde. Ces grands ouvrages modernes ont tendance à dégrader l’environnement. En outre, les choix de spécialisation dans des cultures d’exportation comme le coton et la rose, très consommatrices en eau, sont à l’origine d’une surexploitation des ressources. Les bilans hydriques négatifs actuels sont donc plus liés à un problème de gestion, propre à la modernité, souvent prédatrice pour l'environnement, qu’à un manque de ressources en lui-même.
Roman Foy
Pour aller plus loin :
- Proche-Orient. Le pouvoir, la terre et l’eau, Pierre Blanc, Paris : Presses de Science Po, 2012
- Les maîtres de l’eau, histoire de l’hydraulique arabe, Mohammed El-Faïz, Arles : Actes Sud, 2005
- Les marges arides du croissant fertile, peuplements, exploitation et contrôle des ressources en Syrie du nord, Ronald Jaubert, Bernard Geyer, Lyon : Maison de l’Orient et de la Méditerranée, 2006
- L’eau et les hommes au Maghreb, contribution à une politique de l’eau en Méditerranée, Jean-Jacques Pérennes, Paris : Karthala, 1993
- Pénurie d’eau et disparition des Marais mésopotamiens, Institut du monde arabe, 2016, Voir le site
- L’eau dans le monde arabe : accroître la résistance aux extrêmes climatiques , Banque mondiale, 2014, Voir le site