Comment Le Caire est-il devenu la première ville du monde arabe ?
Le Caire avant Le Caire
L’histoire du Caire remonte à la période des pharaons : n’est-ce pas juste à l’ouest, sur le plateau de Gizeh, qu’ont été édifiées, il y a plus de trois mille ans, les fameuses pyramides de Kheops, Khephren et Mykérinos ? Situé légèrement au sud du delta du Nil, l’emplacement est intéressant d’un point de vue stratégique. Toutefois, il ne semble pas avoir attiré les foules avant l’arrivée des armées musulmanes, en 641.
C’est à cette date que le général Amr, conquérant de l’Égypte, fonde près de la petite forteresse de Babylone – sans rapport avec son homonyme mésopotamienne – la ville de Foustat. Celle-ci surpasse rapidement Alexandrie, et devient le centre névralgique de l’Égypte.
De la ville palatiale à la capitale
Un demi-siècle plus tard, en 969, la dynastie des Fatimides s’empare de la région. Ces dirigeants chiites, qui s’opposent au califat de Bagdad, fondent alors une nouvelle ville au nord de Foustat : al-Qahira, « la Victorieuse », qui donne en français « Le Caire ». La ville regroupe surtout des palais et des casernements pour les troupes ; la population, encore en grande partie chrétienne, vit, commerce et produit toujours à Foustat. Mais progressivement, les deux villes s’agrandissent, et finissent par se rejoindre en une seule, que les souverains successifs renforcent ou embellissent : Saladin la dote d’une imposante citadelle, les Mamelouks (1250-1517), y construisent mosquées, écoles et hôpitaux. La peste noire, qui frappe à partir de 1348, divise par deux la population, ralentit fortement l’économie, mais n‘interrompt pas la frénésie de constructions.
Naissance d’une mégapole
Reléguée à une place politique secondaire après l’arrivée des Turcs ottomans, qui prennent la ville en 1517, Le Caire voit sa population stagner, tout en continuant à s’embellir de mosquées et de fondations diverses. Avec Mohammed Ali, qui crée une monarchie indépendante en Égypte en 1805, la ville retrouve son statut de capitale, qui survit à la naissance de la république de Nasser, dans les années 1950.
Des quartiers occidentalisés apparaissent à la fin du XIXe siècle, marquant l’influence de la colonisation ; mais l’explosion démographique a surtout lieu au cours du XXe siècle, notamment après la construction du barrage d’Assouan et l’arrêt des crues du Nil. Avec plus de 20 millions d’habitants, Le Caire est aujourd’hui la seconde ville d’Afrique et la première du monde arabe.
Antoine Le Bail
L’histoire du Caire remonte à la période des pharaons : n’est-ce pas juste à l’ouest, sur le plateau de Gizeh, qu’ont été édifiées, il y a plus de trois mille ans, les fameuses pyramides de Kheops, Khephren et Mykérinos ? Situé légèrement au sud du delta du Nil, l’emplacement est intéressant d’un point de vue stratégique. Toutefois, il ne semble pas avoir attiré les foules avant l’arrivée des armées musulmanes, en 641.
C’est à cette date que le général Amr, conquérant de l’Égypte, fonde près de la petite forteresse de Babylone – sans rapport avec son homonyme mésopotamienne – la ville de Foustat. Celle-ci surpasse rapidement Alexandrie, et devient le centre névralgique de l’Égypte.
De la ville palatiale à la capitale
Un demi-siècle plus tard, en 969, la dynastie des Fatimides s’empare de la région. Ces dirigeants chiites, qui s’opposent au califat de Bagdad, fondent alors une nouvelle ville au nord de Foustat : al-Qahira, « la Victorieuse », qui donne en français « Le Caire ». La ville regroupe surtout des palais et des casernements pour les troupes ; la population, encore en grande partie chrétienne, vit, commerce et produit toujours à Foustat. Mais progressivement, les deux villes s’agrandissent, et finissent par se rejoindre en une seule, que les souverains successifs renforcent ou embellissent : Saladin la dote d’une imposante citadelle, les Mamelouks (1250-1517), y construisent mosquées, écoles et hôpitaux. La peste noire, qui frappe à partir de 1348, divise par deux la population, ralentit fortement l’économie, mais n‘interrompt pas la frénésie de constructions.
Naissance d’une mégapole
Reléguée à une place politique secondaire après l’arrivée des Turcs ottomans, qui prennent la ville en 1517, Le Caire voit sa population stagner, tout en continuant à s’embellir de mosquées et de fondations diverses. Avec Mohammed Ali, qui crée une monarchie indépendante en Égypte en 1805, la ville retrouve son statut de capitale, qui survit à la naissance de la république de Nasser, dans les années 1950.
Des quartiers occidentalisés apparaissent à la fin du XIXe siècle, marquant l’influence de la colonisation ; mais l’explosion démographique a surtout lieu au cours du XXe siècle, notamment après la construction du barrage d’Assouan et l’arrêt des crues du Nil. Avec plus de 20 millions d’habitants, Le Caire est aujourd’hui la seconde ville d’Afrique et la première du monde arabe.
Antoine Le Bail
Pour aller plus loin :
- Le Caire, réinventer la ville, Pierre-Arnaud Barthel, Safaa Monqid, Paris : Autrement, 2011
- Islamic Architecture in Cairo, an Introduction, Doris Behrens-Abouseif, Leiden : E. J. Brill, 1989
- Le Caire, André Raymond (dir.), Paris : Citadelles et Mazenod, 2000
- Palais et maisons du Caire du XIVe au XVIIIe siècle, Jacques Revault, Bernard Maury, 4 vols., Le Caire : IFAO, 1975-1983
- Le Caire dessiné et photographié au XIXe siècle, Mercédès Volat, Paris : Picard, CNRS, INHA, 2013
- Murailles du Caire, Stéphane Pradines, Blog de la mission archéologique « Murailles du Caire », Voir le site
- Femmes du Caire, Gérard de Nerval, 1848
- Impasse des deux palais, Naguib Mahfouz, Paris : J.-C. Lattès, 1989
- Mendiants et orgueilleux, Albert Cossery, Paris : Casterman, 1991
- L’Immeuble Yacoubian, Alaa al-Aswany, Arles : Actes Sud, 2006
- Gare Centrale, Youssef Chahine, Cinéma, 1958, Voir le site