Damas et Bagdad supplantent Médine #article

Quelle est la place de Bagdad dans l’histoire du monde arabe ?

Reconstitution de la ville ronde de Bagdad, centrée sur le palais royal et la grande mosquée. © akg-images / Jean Soutif/Look At Sciences/Science Photo Library
Régulièrement au cœur de l’actualité, la ville de Bagdad évoque plutôt de nos jours les attentats-suicides que la capitale des Mille et Une Nuits. Pourtant, ces deux aspects traversent toute l’histoire de la ville, à la fois splendide et tourmentée.

La capitale du califat abbasside (762 - 1258)

En 750, un nouveau pouvoir s’impose sur le monde islamique : celui de la famille Abbaside, qui met fin au califat des Omeyyades de Damas. La nouvelle dynastie décide de fonder une nouvelle capitale à l’est de la précédente, en Irak, sur les rives du Tigre, à un lieu-dit nommé Bagdad. La ville prend le nom de Madinat al-salam, « ville de la paix ». Excepté un assez long intermède au IXe siècle, Bagdad demeure la capitale du califat abbasside jusqu’à sa chute en 1258.

Difficile de nos jours de se faire une idée de la ville du Moyen Âge : les fouilles archéologiques sont impossibles et peu de monuments demeurent. Cependant les textes nous mentionnent une ville ronde, où le calife est séparé – et donc protégé – de ses sujets par une armée de mercenaires. C’est un centre cosmopolite et marchand, marqué par des foires bisannuelles, et où les savoirs et les débats politiques et religieux vivent. C’est là qu’ouvre la première « maison de la sagesse » (bayt al-hikma), où les textes de l’Antiquité grecque sont traduits et où l’idéologie rationaliste est mise en avant par le calife al-Mamoun. Bagdad est aussi une ville d’intrigues et de jeux de pouvoirs, dont se font l’écho les Mille et Une Nuits.

Le « palais abbasside » de Bagdad, en réalité plutôt une madrasa, remonte au règne de l’un des derniers califes abbassides, al-Moustansir (1175-1230). © akg-images / De Agostini Picture Lib. / C. Sappa


Des invasions mongoles à la capitale irakienne

En 1258 les Mongols mettent fin au califat abbasside et détruisent la ville. Ce n’est pas la première fois que la ville est prise, mais le pillage et les destructions sont alors sans équivalents. La fameuse bibliothèque part en fumée. Bagdad perd son titre de capitale, et se reconstruit lentement, sous l’autorité de diverses dynasties turco-mongoles. La ville est cependant détruite une seconde fois en 1401 par Tamerlan, puis devient un centre provincial sous les Ottomans, du XVIe siècle jusqu’en 1917.

À la suite de la Première Guerre mondiale, Bagdad devient la capitale du mandat britannique de Mésopotamie, puis celle de la République d’Irak à l’indépendance, en 1932. La manne pétrolière permet la modernisation de la ville, déjà entamée au siècle précédent. Mais la guerre d’Irak, en 2003, apporte son nouveau lot de ruines, avec notamment l’incendie du Musée national.

Les troupes britanniques entrent à Bagdad en 1917. ©Mirrorpix/Leemage


Monument aux morts de la guerre Iran-Irak (1980-1988). © Blanchard/IMA


Antoine Le Bail

Pour aller plus loin :

  • Bagdad, depuis les Mille et Une Nuits jusqu’à la ville en guerre , L’Histoire, juin 2015
  • Bagdad au Moyen Âge, Tatiana Pignon, Les clés du Moyen-Orient, 2012, Voir le site
  • Bagdad, le rêve et la guerre, Table ronde lors des Rendez-vous de l’histoire du monde arabe, Paris, Institut du monde arabe, 2015 , Voir le site
  • Bagdad, une ville polycentrique, L’histoire, Carte de « Bagdad, ville polycentrique », Voir le site

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