Que nous révèle l’archéologie sur l’Arabie heureuse ?
Les archéologues et épigraphistes se sont intéressés très tôt à l’Arabie du Sud, région qui comprend le Yémen et la province du Dhofar (Sultanat d’Oman). Cette zone a toujours été difficile d’accès et présente un certain mystère : les savants voulaient notamment découvrir le fameux royaume de Saba évoqué dans la Bible. Ils s’intéressaient aussi beaucoup aux textes grecs et latins décrivant une région très riche grâce au commerce des aromates : la mythique « Arabie heureuse ».
Les premières véritables recherches archéologiques remontent aux années 1930. L’expédition de l’archéologue Gertrude Caton-Thompson et de l’exploratrice anglaise Freya Stark a livré les premières connaissances sur la préhistoire et sur l’antiquité du Yémen. Par la suite, de nombreuses missions ont poursuivi ces travaux : les principales équipes sont françaises, allemandes, russes, américaines et italiennes. Les découvertes réalisées sont nombreuses et variées, et mettent en valeur différents aspects de la vie en Arabie durant l’Antiquité.
Au Yémen, les fouilles menées à Marib ont mis au jour un temple que les archéologues ont baptisé « Mahram Bilqis » en hommage à la mythique reine de Saba, en arabe Bilqis. Marib était la capitale de ce royaume très actif dans le commerce de l’encens. D’autres royaumes impliqués dans le commerce de l’encens et de la myrrhe, déjà connus grâce aux textes, sont aussi mieux documentés grâce aux recherches archéologiques. C’est le cas du royaume du Hadramaout situé dans la vallée du même nom. Sa capitale, Shabwa, une grande ville dotée de temples et de belles demeures, se trouvait au carrefour des routes caravanières.
L’Arabie du Sud était une région urbanisée : de grandes villes y ont prospéré dès l’Antiquité. Outre Marib et Shabwa, il faut citer Sanaa, fondée au Ier siècle et qui est aujourd’hui la capitale du Yémen. Les « maisons-tours » si caractéristiques que l’on peut admirer dans cette région remontent à cette période ancienne. En plus des villes, l’Arabie du Sud était aussi dotée de ports comme Qani ou Aden. Ils témoignent des échanges à très longue distance entretenus par les marchands avec le monde méditerranéen, l’Iran et l’Inde, notamment pour le commerce des aromates.
Les royaumes sudarabiques se sont également enrichis grâce à l’agriculture. La région des hautes terres est très fertile et les habitants de l’ancien Yémen y ont installé des cultures en terrasse. Dans les régions moins arrosées, un système d’irrigation original a été développé pour assurer l’approvisionnement des cultures en eau. Les souverains de l’Arabie du Sud ont aussi ordonné la construction de barrages, comme la célèbre digue de Marib. Mal entretenue, elle finit par céder ; l’événement est tellement important qu’on en trouve même un récit dans le Coran. Les fouilles archéologiques menées sur cette construction ont révélé des ruptures répétées dans le temps.
Les fouilles archéologiques ont aussi livré de nombreuses inscriptions, les plus anciennes remontant au VIIIe siècle avant J.-C. Elles sont rédigées en langage sudarabique, ancêtre de l’arabe. Ces textes sont généralement courts et proviennent des temples : ils ont été rédigés par des personnes invoquant ou remerciant les nombreuses divinités de l’ancienne religion. Certaines inscriptions commémorent des victoires militaires, d’autres ont été rédigées à des fins administratives, pour attribuer des terrains ou lors de la construction de maisons notamment. Cette écriture est également utilisée dans les décors architecturaux et sur les objets.
Enfin, l’archéologie révèle aussi l’existence d’un art original. On a ainsi retrouvé de nombreuses statues en bronze représentant des souverains, des guerriers ou des divinités. Les bustes en albâtre figurant des têtes féminines sont également une particularité du sud de l’Arabie. À mesure que les contacts s’intensifient avec le monde méditerranéen, les productions artistiques ont tendance à imiter les statues grecques et romaines. Tous ces objets témoignent d’une civilisation raffinée et complexe qui ne se limite pas au nomadisme.
Sterenn Le Maguer
Les premières véritables recherches archéologiques remontent aux années 1930. L’expédition de l’archéologue Gertrude Caton-Thompson et de l’exploratrice anglaise Freya Stark a livré les premières connaissances sur la préhistoire et sur l’antiquité du Yémen. Par la suite, de nombreuses missions ont poursuivi ces travaux : les principales équipes sont françaises, allemandes, russes, américaines et italiennes. Les découvertes réalisées sont nombreuses et variées, et mettent en valeur différents aspects de la vie en Arabie durant l’Antiquité.
Au Yémen, les fouilles menées à Marib ont mis au jour un temple que les archéologues ont baptisé « Mahram Bilqis » en hommage à la mythique reine de Saba, en arabe Bilqis. Marib était la capitale de ce royaume très actif dans le commerce de l’encens. D’autres royaumes impliqués dans le commerce de l’encens et de la myrrhe, déjà connus grâce aux textes, sont aussi mieux documentés grâce aux recherches archéologiques. C’est le cas du royaume du Hadramaout situé dans la vallée du même nom. Sa capitale, Shabwa, une grande ville dotée de temples et de belles demeures, se trouvait au carrefour des routes caravanières.
L’Arabie du Sud était une région urbanisée : de grandes villes y ont prospéré dès l’Antiquité. Outre Marib et Shabwa, il faut citer Sanaa, fondée au Ier siècle et qui est aujourd’hui la capitale du Yémen. Les « maisons-tours » si caractéristiques que l’on peut admirer dans cette région remontent à cette période ancienne. En plus des villes, l’Arabie du Sud était aussi dotée de ports comme Qani ou Aden. Ils témoignent des échanges à très longue distance entretenus par les marchands avec le monde méditerranéen, l’Iran et l’Inde, notamment pour le commerce des aromates.
Les royaumes sudarabiques se sont également enrichis grâce à l’agriculture. La région des hautes terres est très fertile et les habitants de l’ancien Yémen y ont installé des cultures en terrasse. Dans les régions moins arrosées, un système d’irrigation original a été développé pour assurer l’approvisionnement des cultures en eau. Les souverains de l’Arabie du Sud ont aussi ordonné la construction de barrages, comme la célèbre digue de Marib. Mal entretenue, elle finit par céder ; l’événement est tellement important qu’on en trouve même un récit dans le Coran. Les fouilles archéologiques menées sur cette construction ont révélé des ruptures répétées dans le temps.
Les fouilles archéologiques ont aussi livré de nombreuses inscriptions, les plus anciennes remontant au VIIIe siècle avant J.-C. Elles sont rédigées en langage sudarabique, ancêtre de l’arabe. Ces textes sont généralement courts et proviennent des temples : ils ont été rédigés par des personnes invoquant ou remerciant les nombreuses divinités de l’ancienne religion. Certaines inscriptions commémorent des victoires militaires, d’autres ont été rédigées à des fins administratives, pour attribuer des terrains ou lors de la construction de maisons notamment. Cette écriture est également utilisée dans les décors architecturaux et sur les objets.
Enfin, l’archéologie révèle aussi l’existence d’un art original. On a ainsi retrouvé de nombreuses statues en bronze représentant des souverains, des guerriers ou des divinités. Les bustes en albâtre figurant des têtes féminines sont également une particularité du sud de l’Arabie. À mesure que les contacts s’intensifient avec le monde méditerranéen, les productions artistiques ont tendance à imiter les statues grecques et romaines. Tous ces objets témoignent d’une civilisation raffinée et complexe qui ne se limite pas au nomadisme.
Sterenn Le Maguer
Pour aller plus loin :
- L'Arabie heureuse au temps de la reine de Saba. VIIIe - Ier siècle avant J.-C., Jean-François Breton, Paris : Hachette Littérature, 1998.
- Saba, les Sabéens et leur capitale Marib (Yémen) , Jean-François Breton, Clio, 2005, Voir le site