Savez-vous où vivent des serpents ailés ?
L’historien grec Hérodote, qui vécut au Ve siècle av. J.-C., est l’un des premiers auteurs à fournir des informations sur l’Arabie en tant que lieu géographique. Toutefois, son texte est souvent mêlé d’éléments merveilleux, comme l'existence de serpents ailés gardiens des arbres à encens.
« Il y a en Arabie, en face de la ville de Bouto, approximativement, un endroit où je me suis rendu pour me renseigner sur les serpents ailés. J’ai vu là-bas des os et des épines dorsales de serpents en nombre incalculable ; il y avait des amoncellements d’épines dorsales – certains très grands, d’autres plus ou moins hauts, mais en quantité. L’endroit où gisent toutes ces épines se présente ainsi : un étroit passage qui, des montagnes, aboutit à une grande plaine touchant à celle de l’Égypte. On dit qu’au printemps les serpents ailés s’envolent de l’Arabie pour gagner l’Égypte, mais que les ibis vont les attendre à la sortie de ce défilé pour les empêcher de passer et les tuent. C’est en reconnaissance de ce service, disent les Arabes, que l’ibis est grandement vénéré en Égypte ; et les Égyptiens expliquent eux aussi par là le culte de ces oiseaux. »
« [Les Arabes] recueillent l’encens en faisant brûler du styrax, une gomme dont les Phéniciens font le commerce avec la Grèce, car les arbres qui donnent l’encens sont gardés par des serpents ailés, petits et de couleurs diverses (ceux-là même qui envahissent l’Égypte), massés nombreux autour de chaque arbre ; rien ne peut les en écarter, sinon la fumée du styrax. […] Les vipères, elles, se trouvent partout, mais les serpents ailés ne se trouvent rassemblés qu’en Arabie, et là seulement ; aussi semblent-ils nombreux. »
Hérodote, Enquête, livre II, 75 et livre III, 107-108. [tr. Andrée Braguet]
De nombreuses hypothèses ont été émises au cours du temps sur l’origine de ce mythe : description de sculptures ou de monuments ? Confusion avec des animaux bien réels, comme des criquets ou des « lézard volants » semblables à ceux de l’île de Bornéo ? Ou, plus simplement, légendes créées par les commerçants qui voulaient préserver leur monopole de la production et de la vente de l’encens ? Quoiqu’il en soit, ses histoires de serpents ailés ont connu une longue postérité : ceux-ci sont, par exemple, décrits par Isidore de Séville, au VIIe siècle, dans ses Etymologies, et fréquemment représentés dans les manuscrits médiévaux. L’écrivain espagnol Jordi Esteva mentionne d’ailleurs que les marins de l’île de Socotra, au large du Yémen, les racontent toujours…
« Il y a en Arabie, en face de la ville de Bouto, approximativement, un endroit où je me suis rendu pour me renseigner sur les serpents ailés. J’ai vu là-bas des os et des épines dorsales de serpents en nombre incalculable ; il y avait des amoncellements d’épines dorsales – certains très grands, d’autres plus ou moins hauts, mais en quantité. L’endroit où gisent toutes ces épines se présente ainsi : un étroit passage qui, des montagnes, aboutit à une grande plaine touchant à celle de l’Égypte. On dit qu’au printemps les serpents ailés s’envolent de l’Arabie pour gagner l’Égypte, mais que les ibis vont les attendre à la sortie de ce défilé pour les empêcher de passer et les tuent. C’est en reconnaissance de ce service, disent les Arabes, que l’ibis est grandement vénéré en Égypte ; et les Égyptiens expliquent eux aussi par là le culte de ces oiseaux. »
« [Les Arabes] recueillent l’encens en faisant brûler du styrax, une gomme dont les Phéniciens font le commerce avec la Grèce, car les arbres qui donnent l’encens sont gardés par des serpents ailés, petits et de couleurs diverses (ceux-là même qui envahissent l’Égypte), massés nombreux autour de chaque arbre ; rien ne peut les en écarter, sinon la fumée du styrax. […] Les vipères, elles, se trouvent partout, mais les serpents ailés ne se trouvent rassemblés qu’en Arabie, et là seulement ; aussi semblent-ils nombreux. »
Hérodote, Enquête, livre II, 75 et livre III, 107-108. [tr. Andrée Braguet]
De nombreuses hypothèses ont été émises au cours du temps sur l’origine de ce mythe : description de sculptures ou de monuments ? Confusion avec des animaux bien réels, comme des criquets ou des « lézard volants » semblables à ceux de l’île de Bornéo ? Ou, plus simplement, légendes créées par les commerçants qui voulaient préserver leur monopole de la production et de la vente de l’encens ? Quoiqu’il en soit, ses histoires de serpents ailés ont connu une longue postérité : ceux-ci sont, par exemple, décrits par Isidore de Séville, au VIIe siècle, dans ses Etymologies, et fréquemment représentés dans les manuscrits médiévaux. L’écrivain espagnol Jordi Esteva mentionne d’ailleurs que les marins de l’île de Socotra, au large du Yémen, les racontent toujours…
Pour aller plus loin :
- Hérodote - L’Enquête, Hérodote, Paris : Gallimard, 1964.
- Socotra, l’île des serpents ailés, Jordi Esteva, Courrier International, 2012 , Voir le site
- Serpents et reptiles, BNF, Les mappemondes, une image médiévale du monde, Paris, BNF, Voir le site