L'expansion arabo-musulmane #article

Quelle est la place de Médine dans l’islam ?

La Grande Mosquée de Médine, ou Mosquée du Prophète est le deuxième lieu saint de l’islam. © Adkske (CC BY-SA 4.0) https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/49/2014-10-14-17h55m10.jpg
Médine, de l'arabe al-madina (la ville), est le nom d’une oasis située sur la côte est de l’Arabie Saoudite, dans la région du Hijaz, à plus de 300 km au nord de La Mecque. Le nom « Médine » a remplacé, probablement à la période de Muhammad ou peu après (VIIe siècle), l’appellation originelle de l’endroit : Yathrib. Il est souvent compris comme la version courte de l’expression « la ville du Prophète » (madinat al-nabî), même si ce sens n’est pas attesté dans des textes anciens.

Dès avant l’Islam, Yathrib était réputée comme une terre fertile, où fleurissait notamment la culture du palmier-dattier. À la période du Prophète, sa population était composite. Les Aws et les Khazradj, deux tribus originaires d'Arabie du sud, polythéistes, constituaient la majorité des habitants. Des populations juives y étaient également installées de longue date.

En 622, Muhammad et ses partisans émigrent à Yathrib : c’est l’hégire, un moment fondamental dans l’histoire de l’islam, qui marque le début du calendrier musulman. Le Prophète consacre l’oasis comme un espace sacré et elle devient la base socio-politique de l'islam des origines. La « constitution de Médine » consacre la naissance d’une communauté musulmane unifiée. Le texte a toutefois été probablement modifié à des périodes postérieures, et il est difficile de connaître exactement son contenu originel.

Après la mort de Muhammad, Yathrib/Médine devient la capitale de l'empire islamique naissant, sous la direction des califes « bien guidés ». La cité perd toutefois ce statut au début du califat de Ali. En raison de la première guerre civile (656-661) qui déchire la communauté musulmane, Koufa, en Irak, devient la capitale provisoire du quatrième calife. En 661, Moawiya, gouverneur de Syrie, qui gagne la guerre et accède à la dignité califale, installe le centre du monde islamique à Damas. Médine connaît alors une longue éclipse politique, tout en demeurant un centre intellectuel vivant et un lieu de pèlerinage.

La cité occupe en effet une place de choix dans la géographie sacrée de l'islam. Toute une littérature, en partie développée par des savants médinois, vante les « mérites de Médine ». Une parole fameuse de Muhammad, consigné dans le recueil canonique de al-Boukhari, dit ainsi que Yathrib est la cité qui « bannit de son sein les 'malhonnêtes gens' comme le soufflet de forge chasse les impuretés du fer ».

Edifiée à l’emplacement de la maison de Muhammad, la Grande Mosquée de Médine a fait l’objet d’une importante reconstruction sous la période ottoman, qui est encore sensible dans le bâtiment actuel. Représentation de la mosquée sur un carreau de céramique ottoman fabriqué à Iznik, XVIIe siècle, Istanbul, Musée des arts turcs et islamiques. © Ophelia2 (Domaine public) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_Haram_Al-Nabawi_in_Medina_-_Ottoman_period.jpg


Hassan Bouali

Pour aller plus loin :

  • Muhammad. Le parcours du prophète à Médine et le triomphe de l'islam, Hichem Djaït, Paris : Fayard, 2012
  • Muhammad and the Believers. At the origins of Islam, Fred Donner, Cambridge : Belknap Press of Harvard University Press, 2010
  • The Holy City of Medina. Sacred Space in Early Islamic Arabia, Harry Munt, New York : Cambridge University Press, 2014
  • Mahomet, William Montgomery Watt, Paris : Payot, 1989

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