L'expansion arabo-musulmane #article

Quels califes appelle-t-on les « bien guidés » ?

© Roland and Sabrina Michaud/akg-images
Les califes « bien guidés » (rashidoun) sont les quatre premières personnes qui prennent la succession de Muhammad à la tête de la communauté des musulmans après sa mort. Ils ont pour noms Abou Bakr (632-634), Omar (634-644), Othman (644-656), et Ali (656-661).

Le terme « calife » lui-même signifie « successeur ». L'épithète « bien guidé » n'est pas sans paradoxe. Outre le fait qu'ils ne furent sans doute pas considérés comme tels par leurs contemporains, trois d'entre eux moururent de manière brutale. En outre, les chiites considèrent que les trois premiers califes ont usurpé le pouvoir au détriment de Ali, seul successeur légitime de Muhammad. Ce dernier n’a d’ailleurs été intégré à la liste des « bien guidés » que tardivement, au IXe siècle.

Une parole attribuée à Muhammad permet toutefois de mieux comprendre le qualificatif de « bien guidé » : « Ma communauté sera dans la voie droite pendant trente ans, ensuite elle tombera sous le régime de la royauté ». Pour les savants musulmans spécialistes des traditions (hadith), cette période correspond à un « âge d'or » au cours duquel la communauté des croyants musulmans (oumma) fut dirigée par les plus éminents compagnons du Prophète. Elle s’oppose à la période suivante, qui est marquée par l'accession au pouvoir d’une famille, la dynastie des Omeyyades, où les califes se succèdent de père en fils.

La période des califes bien guidés est aussi celle de la sortie de l’islam des terres d’Arabie, et de la conquête d’une grande partie du monde arabe actuel. Elle voit s’organiser la communauté musulmane et le Coran commence à être mis par écrit.

L’appellation « bien guidé » n’est pas seulement l'apanage des quatre premiers califes. Effectivement, le calife Omar II, qui règne au début du VIIIe siècle, est généralement considéré comme le cinquième calife « bien guidé », en raison de sa grande piété. Cela constitue un privilège pour un membre de la famille omeyyade, laquelle est traditionnellement considérée comme impie.

Les quatre califes « Bien guidés », peinture ottomane d’un Zoubdat al-tawarikh, 1550, Istanbul, Bibliothèque du palais de Topkapı. ©Roland and Sabrina Michaud/akg-images


Hassan Bouali

Pour aller plus loin :

  • La Grande Discorde. Religion et politique dans l’islam des origines, Hichem Djaït, Paris : Gallimard, 1989
  • Parable and Politics in Early Islamic History: The Rashidūn Caliphs, Tayeb El-Hibri, New-York : Columbia University Press, 2010
  • The Succession to Muhammad, a study of the Early Caliphate, Wilferd Madelung, Cambridge : Cambridge University Press, 2001
  • Dictionnaire historique de l'islam, Dominique Sourdel, « al-Rashidûn », Paris : Puf, 2004

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