L'origine historique des Arabes #article

L’Arabie était-elle habitée pendant la préhistoire ?

© IMA
On connaît encore mal la manière dont les premiers hommes se sont installés en Arabie. Des vestiges datant du paléolithique, période qui se définit par l’apparition de l’humanité, sont présents dans le nord de l’Arabie Saoudite et le long de la mer Rouge. Les données actuelles suggèrent au moins deux migrations depuis l’Afrique du nord-est et montrent des similitudes entre les assemblages d’outils lithiques (en pierre) africains et arabes. Durant cette période très ancienne, le climat en péninsule Arabique est très agréable et la région n’est pas désertique mais verdoyante. Grâce à ces conditions favorables, des populations d’Afrique s’installent dans le sud de l’Arabie. Entre -60 000 et -40 000 ans, alors que le climat se détériore, les populations développent une culture locale originale. Dans le désert central de la péninsule Arabique et au Yémen, les archéologues ont identifié de rares indices d’occupation datant du paléolithique supérieur (-40 000 à -12 000 ans) autour d’anciens lacs, qui ont disparu depuis.

Sépulture d’un homme provenant du site préhistorique de Madinat Hamad (Barhein) © Belmenouar/IMA


L’holocène est la période géologique à laquelle nous vivons actuellement. Elle débute il y a 12 000 ans, lorsque l’ère glaciaire s’achève. Pour cette période, on trouve des traces de l’implantation humaine en Arabie en plus grande quantité. Les sites les plus anciens remontent aux IXe-VIIIe millénaires avant J.-C. et étaient occupés par des groupes de chasseurs. Les côtes du golfe Arabo-persique forment des foyers de peuplement depuis la préhistoire mais, avec les différents changements climatiques intervenus, une partie des témoins archéologiques de ces installations est désormais sous les eaux.

Gravure d’un dromadaire sur le site du Wadi Roum en Jordanie © Cateloy/IMA


Durant la période néolithique (VIIe – IVe millénaire avant J.-C.), les hommes domestiquent les végétaux et les animaux, et l’art rupestre se développe. De nouvelles plantes cultivées sont introduites en Arabie depuis le Proche-Orient, témoignant peut-être de mouvements de populations du nord vers le sud. Le sud de l’Arabie offre, dans certaines de ses régions, des conditions favorables à l’agriculture et à l’installation humaine. Les hautes-terres du Yémen présentent de grandes plaines ondulées abondamment arrosées, particulièrement propices à une agriculture dont les seules ressources en eau sont les pluies régulières. Ces conditions ont permis une installation précoce dans cette région, qui est actuellement la plus densément peuplée du Yémen. À la fin du IVe millénaire avant J.-C., la population s’accroît considérablement, ce dont témoigne l’apparition de villages et de nécropoles regroupant parfois plusieurs milliers de tombes.

L’âge du bronze (IIIe millénaire – IIe millénaire avant J.-C.) se caractérise par le développement des échanges débutés au néolithique. Les populations du golfe Arabo-persique entretiennent des contacts intensifs avec la Mésopotamie, l’Iran et la région de l’Indus (Pakistan actuel). Cela apparaît aussi bien dans l’archéologie témoignant des échanges matériels (bitume, céramique, chlorite) que dans les textes. L’actuel Bahreïn est connu dans les sources sumériennes sous le nom de Dilmoun et l’Oman est alors appelé Magan. Ce dernier est notamment réputé pour son cuivre, nécessaire à la production des objets en bronze, en particulier les armes. L’intensification de ces échanges se fait essentiellement par les routes terrestres, aboutissant à la domestication du dromadaire et au développement du commerce caravanier au début du Ier millénaire avant J.-C. La navigation par cabotage (de cap en cap) le long des côtes est également pratiquée et des embarcations ont été retrouvées en contexte archéologique.
Sterenn Le Maguer

Pour aller plus loin :

  • Routes d’Arabie, archéologie et histoire du royaume d'Arabie Saoudite, A. I. al-Ghabban, Paris : Musée du Louvre, Somogy, 2010

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