Comment les accords Sykes-Picot ont-ils redessiné le Proche-Orient ?
En 1915, l’Empire ottoman est en guerre aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie contre les forces de la Triple-Entente composées de la France, du Royaume-Uni et de la Russie.
Grâce à une promesse ambiguë de reconnaissance d'un État arabe indépendant, le haut-commissaire britannique en Égypte, Henry McMahon, obtient du Chérif Hossein, le dirigeant de la Mecque, l’engagement de ses troupes contre l'empire ottoman, qui s'étend alors sur de nombreux territoires arabes, dont l’Irak et la Grande Syrie. Dans un courrier daté du 24 octobre 1915, il lui assure que « la Grande-Bretagne est prête à reconnaître et à soutenir l’indépendance des Arabes dans toutes les régions à l’intérieur des limites demandées par le Chérif de La Mecque ».
Mais moins d'un an plus tard, le 16 mai 1916, le secrétaire au Bureau de la guerre britannique, Mark Sykes, et le consul de France à Beyrouth, François-Georges Picot, signent un accord secret qui prévoit, au profit de leurs États, le partage des territoires arabes de l’empire ottoman.
Sur la foi des promesses de McMahon, les troupes de Hossein ibn Ali éjectent les Turcs de la péninsule Arabique, et entrent dans Damas en septembre 1918.
Alors que l’Empire ottoman s’effondre, l’accord secret Sykes-Picot est entériné, avec des modifications, en 1920, lors de la conférence de San Remo, qui réunit les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. La France reçoit un mandat pour gouverner la Syrie et le Liban ; la Grande-Bretagne en obtient un pour l’Irak, la Transjordanie et la Palestine. La France concède la région de Mossoul, au nord de l’Irak actuel, à la Grande-Bretagne. Un État arabe indépendant est devenu de fait impossible, et les Arabes se considèrent dupés par les Britanniques.
Si cet épisode de l'histoire coloniale est un peu oublié en France, il est devenu dans le monde arabe un symbole de l’artificialité des frontières entre les États créés par la France et la Grande-Bretagne.
Fârès Gillon
Grâce à une promesse ambiguë de reconnaissance d'un État arabe indépendant, le haut-commissaire britannique en Égypte, Henry McMahon, obtient du Chérif Hossein, le dirigeant de la Mecque, l’engagement de ses troupes contre l'empire ottoman, qui s'étend alors sur de nombreux territoires arabes, dont l’Irak et la Grande Syrie. Dans un courrier daté du 24 octobre 1915, il lui assure que « la Grande-Bretagne est prête à reconnaître et à soutenir l’indépendance des Arabes dans toutes les régions à l’intérieur des limites demandées par le Chérif de La Mecque ».
Mais moins d'un an plus tard, le 16 mai 1916, le secrétaire au Bureau de la guerre britannique, Mark Sykes, et le consul de France à Beyrouth, François-Georges Picot, signent un accord secret qui prévoit, au profit de leurs États, le partage des territoires arabes de l’empire ottoman.
Sur la foi des promesses de McMahon, les troupes de Hossein ibn Ali éjectent les Turcs de la péninsule Arabique, et entrent dans Damas en septembre 1918.
Alors que l’Empire ottoman s’effondre, l’accord secret Sykes-Picot est entériné, avec des modifications, en 1920, lors de la conférence de San Remo, qui réunit les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. La France reçoit un mandat pour gouverner la Syrie et le Liban ; la Grande-Bretagne en obtient un pour l’Irak, la Transjordanie et la Palestine. La France concède la région de Mossoul, au nord de l’Irak actuel, à la Grande-Bretagne. Un État arabe indépendant est devenu de fait impossible, et les Arabes se considèrent dupés par les Britanniques.
Si cet épisode de l'histoire coloniale est un peu oublié en France, il est devenu dans le monde arabe un symbole de l’artificialité des frontières entre les États créés par la France et la Grande-Bretagne.
Fârès Gillon
Pour aller plus loin :
- La France et la question de Syrie 1914-1918, Vincent Cloarec, Paris : CNRS Editions, 1998
- La question de Palestine, T1. 1799-1922, l’invention de la Terre sainte, Henry Laurens, Paris : Fayard, 1999
- Accords Sykes-Picot , Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Les clés du Moyen-Orient, 2010, Voir le site
- Les accords Sykes-Picot, cause des tensions au Proche-Orient ?, Pierre Magnan, Géopolis, France TV, 2016, Voir le site
- L’accord Sykes-Picot vu par des Arabes, Samia Medawar, L’Orient le Jour, Beyrouth, 2016, Voir le site
- Le centenaire des accords de Sykes-Picot , Institut du Monde Arabe - Paris, Table ronde aux rendez-vous de l’histoire du monde arabe, 2016, Voir le site