La colonisation #article

La colonisation dans le monde arabe a-t-elle eu des aspects positifs ?

© akg-images
Le 23 février 2005, le secrétaire d’État aux anciens combattants français, Hamlaoui Mekachera réclame que les programmes scolaires reconnaissent le « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Sa proposition de loi fait couler beaucoup d’encre et suscite des débats passionnés.

Pourtant, la question de savoir si la colonisation a eu des vertus positives n’est pas nouvelle. Elle se pose depuis au moins la fin du XIXe siècle, notamment à travers la célèbre joute parlementaire entre Georges Clémenceau et Jules Ferry, ce dernier défendant la colonisation au nom du « devoir de civiliser les races inférieures ». Plus tard, dans les années 1930, c'est le parti communiste qui, mettant en exergue l’asservissement des populations, conteste la notion d'aspects positifs de la colonisation, tels qu’ils sont présentés notamment lors de l’exposition coloniale de 1931. Les milieux économiques défendent à l’époque les bienfaits des colonies sur l’économie de la métropole. En réalité, le fait de posséder un marché aisé à disposition, avait pour conséquence que bon nombre d’entreprises ne cherchaient pas à se réformer, et finissaient par se scléroser : les économies ayant le mieux réussi au vingtième siècle restent celles qui n’ont pas eu d’Empire colonial, les États-Unis, l’Allemagne ou le Japon.

La Une du Supplément illustré du Petit Journal publié à Paris en novembre 1911. ©akg-images


À l’heure actuelle, la plupart des discours portant sur les aspects positifs de la colonisation mettent en avant trois arguments : les colonisateurs auraient tout d'abord apporté des infrastructures, comme des routes ou des hôpitaux. Par ailleurs ils auraient permis de mettre fin à des guerres locales. Enfin ils auraient amené l'instruction dans les colonies. Ces arguments sont en bonne partie contestables : les infrastructures médicales et routières ont été conçu pour l’exploitation économique des colonies et n’ont eu qu’un impact limité sur la population. L’instruction n’a été menée que pour former une élite locale favorable aux Européens. Quant à l’impact politique des Européens, ceux-ci ont surtout renforcé des hiérarchies locales et tenter de diviser les différentes communautés pour mieux les dominer. C’est donc bien avant tout au détriment des populations locales que la colonisation s’est déroulée.
Nessim Znaien

Pour aller plus loin :

  • Le Livre noir du colonialisme, XVIe-XXIe siècle, de l'extermination à la repentance, Marc Ferro, Paris : Robert Laffont, 2003
  • La colonisation en procès, L’histoire, octobre 2005, numéro 302, p. 39-89
  • Comment écrire l’histoire de la colonisation ?, interview de Pascal Blanchard, Lemonde.fr, 2005, Voir le site
  • L’aspect positif de la colonisation : le débat, Benoît Falaize, TDC, la revue des enseignants, Voir le site

Partager cet article sur :