Quels étaient les buts économiques de la colonisation du monde arabe ?
La colonisation du monde arabe par les Européens, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, est en partie liée à des motifs économiques. À cette époque, l’Occident, engagé dans la révolution industrielle, cherche à la fois des matières premières nouvelles et des débouchés pour ses produits. Le développement des transports permet alors une mondialisation de l’économie, et la création d’un système mondial inégalitaire, où prennent place les colonies.
Les motifs financiers servent souvent de prétexte à l’ingérence des pays européens dans le gouvernement des pays arabes, parfois plusieurs décennies avant la signature officielle des traités de colonisation. Ainsi, la Tunisie et l'Égypte s'endettent régulièrement au cours du XIXe siècle, notamment en raison de la concurrence de producteurs étrangers (le coton d’Égypte est moins cher que celui des États-Unis, par exemple). La banqueroute de l'État finit par être prononcée (1848 en Egypte, 1869 en Tunisie), laissant la porte ouverte à l'intervention extérieure directe dans les finances de l’Etat, par des commissions internationales puis à la mise en place de protectorats, français en Tunisie, anglais en Égypte.
Les objectifs économiques sont fondamentaux pour comprendre la pénétration coloniale européenne dans le monde arabe. L’un des enjeux principaux de la colonisation est de trouver outre-mer des matières premières épuisées en Europe, et nécessaires à l’industrie : pétrole en Irak ou en Algérie, phosphates en Tunisie et au Maroc. Les infrastructures sont construites pour permettre en priorité l'exploitation de ces denrées minérales. L'une des premières lignes de chemin de fer construite en Tunisie relie par exemple les mines de Gafsa et le port de Sfax, pour faciliter l'exportation des phosphates vers le continent.
Par ailleurs, les colonies constituent un marché idéal pour des industries européennes cherchant à vendre et à exporter ou réexporter le maximum de leur production. C’est le cas, par exemple, de l’industrie textile, puis automobile, ou encore de certaines denrées alimentaires, comme le thé ou le sucre, à partir de la Première Guerre mondiale. À ce titre, certains n'ont pas hésité à dire que le fait d’avoir un empire assurait une clientèle trop facile aux industries européennes, qui ne se renouvelaient pas et, à long terme, se sclérosaient.
Les mouvements de capitaux – crédits, investissements, etc. – et le développement des compagnies de transport maritime ou d’assurance s’expliquent aussi en partie par la colonisation. Ainsi, en Égypte, la construction du canal de Suez a été financée par une entreprise anglo-française. Son existence ne s’explique que par le besoin, pour les bateaux britanniques, d’atteindre le plus vite possible la colonie indienne, qui achetait toiles et machines, en échange de matières premières.
Enfin, la mise en valeur agricole des terres conquises constitue un autre aspect économique de la colonisation. L’accélération des transports et l’augmentation progressive du protectionnisme à l’échelle des empires amène les pays colonisateurs à inciter les colonies à se spécialiser dans certains types de production : l’économie algérienne dans le vin, la tunisienne dans l’huile d'olive ou encore l’égyptienne dans le coton.
Pour beaucoup d’Européens, notamment les Français, les motifs économiques sont primordiaux dans l’installation outre-mer. Les fonctionnaires touchent des primes conséquentes (le tiers-colonial) et beaucoup d’agriculteurs voient dans le nord de l’Afrique la perspective d'un monde meilleur. C'est le cas de bon nombre de viticulteurs du midi qui, ruinés par la maladie du phylloxéra, s’installent dans l'Oranais algérien ou le cap-bon tunisien à la fin du XIXe siècle pour tenter de reconstruire leurs vies et leurs exploitations.
Les motifs financiers servent souvent de prétexte à l’ingérence des pays européens dans le gouvernement des pays arabes, parfois plusieurs décennies avant la signature officielle des traités de colonisation. Ainsi, la Tunisie et l'Égypte s'endettent régulièrement au cours du XIXe siècle, notamment en raison de la concurrence de producteurs étrangers (le coton d’Égypte est moins cher que celui des États-Unis, par exemple). La banqueroute de l'État finit par être prononcée (1848 en Egypte, 1869 en Tunisie), laissant la porte ouverte à l'intervention extérieure directe dans les finances de l’Etat, par des commissions internationales puis à la mise en place de protectorats, français en Tunisie, anglais en Égypte.
Les objectifs économiques sont fondamentaux pour comprendre la pénétration coloniale européenne dans le monde arabe. L’un des enjeux principaux de la colonisation est de trouver outre-mer des matières premières épuisées en Europe, et nécessaires à l’industrie : pétrole en Irak ou en Algérie, phosphates en Tunisie et au Maroc. Les infrastructures sont construites pour permettre en priorité l'exploitation de ces denrées minérales. L'une des premières lignes de chemin de fer construite en Tunisie relie par exemple les mines de Gafsa et le port de Sfax, pour faciliter l'exportation des phosphates vers le continent.
Par ailleurs, les colonies constituent un marché idéal pour des industries européennes cherchant à vendre et à exporter ou réexporter le maximum de leur production. C’est le cas, par exemple, de l’industrie textile, puis automobile, ou encore de certaines denrées alimentaires, comme le thé ou le sucre, à partir de la Première Guerre mondiale. À ce titre, certains n'ont pas hésité à dire que le fait d’avoir un empire assurait une clientèle trop facile aux industries européennes, qui ne se renouvelaient pas et, à long terme, se sclérosaient.
Les mouvements de capitaux – crédits, investissements, etc. – et le développement des compagnies de transport maritime ou d’assurance s’expliquent aussi en partie par la colonisation. Ainsi, en Égypte, la construction du canal de Suez a été financée par une entreprise anglo-française. Son existence ne s’explique que par le besoin, pour les bateaux britanniques, d’atteindre le plus vite possible la colonie indienne, qui achetait toiles et machines, en échange de matières premières.
Enfin, la mise en valeur agricole des terres conquises constitue un autre aspect économique de la colonisation. L’accélération des transports et l’augmentation progressive du protectionnisme à l’échelle des empires amène les pays colonisateurs à inciter les colonies à se spécialiser dans certains types de production : l’économie algérienne dans le vin, la tunisienne dans l’huile d'olive ou encore l’égyptienne dans le coton.
Pour beaucoup d’Européens, notamment les Français, les motifs économiques sont primordiaux dans l’installation outre-mer. Les fonctionnaires touchent des primes conséquentes (le tiers-colonial) et beaucoup d’agriculteurs voient dans le nord de l’Afrique la perspective d'un monde meilleur. C'est le cas de bon nombre de viticulteurs du midi qui, ruinés par la maladie du phylloxéra, s’installent dans l'Oranais algérien ou le cap-bon tunisien à la fin du XIXe siècle pour tenter de reconstruire leurs vies et leurs exploitations.
Pour aller plus loin :
- L’analyse économique de la question coloniale en France (1870-1914) , Alain Clément, Revue d’économie politique, 2013/1, 123, p. 51-82
- La possession du monde, poids et mesure de la colonisation, XVIIIe-XXe siècles, Bouda Etemad, Bruxelles : Complexe, 2000
- Empire colonial et capitalisme français : histoire d'un divorce, Jacques Marseille, Paris : Albin Michel, 1984
- Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Daniel Rivet, Paris : Hachette, 2009
- Le colonialisme, une bonne affaire économique, Jacques Marseille, Vingtième sicèle, revue d’histoire, 1984, 4 ; réédité sur le site Contrepoints, Voir le site