Comment s’est déroulée la décolonisation des pays arabes ?
La décolonisation des pays arabes a lieu dans des conditions très variées, aussi bien dans la chronologie que dans le mode d'accès des pays à l'indépendance. Elle s'étale sur une quarantaine d'années, entre 1923 (pour l’Égypte et la Transjordanie) et 1962 (pour l’Algérie), et peut s’effectuer soit dans une relative concertation, comme en Irak en 1932, ou en Tunisie et au Maroc en 1956, soit par le recours à la violence armée, comme en Algérie.
Dans la plupart des pays du monde arabe, la résistance à la colonisation qui émerge dans l'entre-deux-guerres, explique en partie l'accession à l'indépendance après le second conflit mondial. Ces courants anti-colonialistes sont parfois menés par des individus ayant effectués leurs études en Europe et qui fondent ou qui reconstruisent des partis politiques à vocation nationaliste, souvent d’inspiration socialiste ou marxiste. On pense ici à Habib Bourguiba, qui fonde le Néo-Destour en Tunisie dans les années 1930, à Messali Hadj, qui crée le Parti du Peuple algérien à la même époque, ou encore au Wafd en Égypte. Mais ils peuvent également être issus de mouvements d’inspiration religieuse, comme la confrérie Sénoussi en Libye, l'association des oulémas en Algérie ou, dans une moindre mesure, le parti de l’Istiqlal au Maroc. Quoiqu’il en soit, la résistance s’exprime d’autant plus facilement à la suite de la Seconde Guerre mondiale que les pays européens se retrouvent ruinés et dans une position de faiblesse. Ils sont donc plus susceptibles d’accepter l’indépendance des colonies, qui ont souvent participé à leurs côtés à la libération de l’Europe.
L’idée de décolonisation n’est pourtant pas toujours facile à accepter. L’Algérie est un pays jugé particulièrement stratégique par la France, pour des raisons économiques (les ressources du sol), symboliques (l’Algérie est un département français) et stratégiques (certains militaires y voient, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, une base arrière idéale en cas d'invasion soviétique). Ce n’est qu’au bout d’une guerre de huit ans que l’Algérie accède finalement à l’indépendance en 1962.
Si certains pays ont obtenu officiellement une autonomie dans les années 1920 et 1930, la majeure partie des nations arabes accède à l’indépendance dans les quinze années qui suivent la Seconde Guerre mondiale. La décolonisation officielle, à la suite de traités signés par les deux pays, ne signifie pas pour autant l'arrêt de la domination sourde, ou de luttes d'influence. Ainsi, la Grande-Bretagne accorde l'indépendance à l'Égypte en 1923, mais ses intérêts y restent bien présents jusqu’en 1956, date à laquelle Nasser chasse les Anglais du canal de Suez et le nationalise. De même, si la France accorde son indépendance à la Tunisie en 1956, elle maintient une force armée dans le pays au moins jusqu'en 1961, dans la base militaire de Bizerte, et se trouve finalement délogée par un coup de force du nouveau président, Habib Bourguiba.
Le processus politique des décolonisations reste donc complexe, car même après le départ des dernières troupes, l'influence des pays colonisateurs demeure fort dans les pays arabes, à travers la survivance de la langue anglaise ou française, ou encore la continuité de certaines politiques culturelles ou scolaires, engagées sous la colonisation. La rupture avec le pays colonisateur est souvent d’abord davantage politique que culturelle. Dans les années 1960, de nombreux pays arabes sont tentés par le socialisme et le mouvement panarabe, mené par le président égyptien Nasser, propose l’union de tous les peuples arabes. Enfin, l’accès des peuples à l’autodétermination et à la participation aux affaires de l’État, grande revendication des mouvements nationalistes de l’entre-deux-guerres n’aboutit que partiellement ; le processus de démocratisation des pays est souvent bloqué dans les années postérieures à l’indépendance. Les « printemps arabes » de 2011 ont en effet prouvé que, si la décolonisation des États a été menée, celle des peuples reste peut-être largement à faire.
Nessim Znaien
Dans la plupart des pays du monde arabe, la résistance à la colonisation qui émerge dans l'entre-deux-guerres, explique en partie l'accession à l'indépendance après le second conflit mondial. Ces courants anti-colonialistes sont parfois menés par des individus ayant effectués leurs études en Europe et qui fondent ou qui reconstruisent des partis politiques à vocation nationaliste, souvent d’inspiration socialiste ou marxiste. On pense ici à Habib Bourguiba, qui fonde le Néo-Destour en Tunisie dans les années 1930, à Messali Hadj, qui crée le Parti du Peuple algérien à la même époque, ou encore au Wafd en Égypte. Mais ils peuvent également être issus de mouvements d’inspiration religieuse, comme la confrérie Sénoussi en Libye, l'association des oulémas en Algérie ou, dans une moindre mesure, le parti de l’Istiqlal au Maroc. Quoiqu’il en soit, la résistance s’exprime d’autant plus facilement à la suite de la Seconde Guerre mondiale que les pays européens se retrouvent ruinés et dans une position de faiblesse. Ils sont donc plus susceptibles d’accepter l’indépendance des colonies, qui ont souvent participé à leurs côtés à la libération de l’Europe.
L’idée de décolonisation n’est pourtant pas toujours facile à accepter. L’Algérie est un pays jugé particulièrement stratégique par la France, pour des raisons économiques (les ressources du sol), symboliques (l’Algérie est un département français) et stratégiques (certains militaires y voient, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, une base arrière idéale en cas d'invasion soviétique). Ce n’est qu’au bout d’une guerre de huit ans que l’Algérie accède finalement à l’indépendance en 1962.
Si certains pays ont obtenu officiellement une autonomie dans les années 1920 et 1930, la majeure partie des nations arabes accède à l’indépendance dans les quinze années qui suivent la Seconde Guerre mondiale. La décolonisation officielle, à la suite de traités signés par les deux pays, ne signifie pas pour autant l'arrêt de la domination sourde, ou de luttes d'influence. Ainsi, la Grande-Bretagne accorde l'indépendance à l'Égypte en 1923, mais ses intérêts y restent bien présents jusqu’en 1956, date à laquelle Nasser chasse les Anglais du canal de Suez et le nationalise. De même, si la France accorde son indépendance à la Tunisie en 1956, elle maintient une force armée dans le pays au moins jusqu'en 1961, dans la base militaire de Bizerte, et se trouve finalement délogée par un coup de force du nouveau président, Habib Bourguiba.
Le processus politique des décolonisations reste donc complexe, car même après le départ des dernières troupes, l'influence des pays colonisateurs demeure fort dans les pays arabes, à travers la survivance de la langue anglaise ou française, ou encore la continuité de certaines politiques culturelles ou scolaires, engagées sous la colonisation. La rupture avec le pays colonisateur est souvent d’abord davantage politique que culturelle. Dans les années 1960, de nombreux pays arabes sont tentés par le socialisme et le mouvement panarabe, mené par le président égyptien Nasser, propose l’union de tous les peuples arabes. Enfin, l’accès des peuples à l’autodétermination et à la participation aux affaires de l’État, grande revendication des mouvements nationalistes de l’entre-deux-guerres n’aboutit que partiellement ; le processus de démocratisation des pays est souvent bloqué dans les années postérieures à l’indépendance. Les « printemps arabes » de 2011 ont en effet prouvé que, si la décolonisation des États a été menée, celle des peuples reste peut-être largement à faire.
Nessim Znaien
Pour aller plus loin :
- De l’indigène à l’immigré, Pascal Blanchard, Paris : Gallimard, 1998
- Histoire des décolonisations au XX° siècle, Bernard Droz, Paris : Seuil, 2006
- Décolonisations et émergence du tiers monde, Marc Michel, Paris : Hachette, 2005
- Atlas des décolonisations, une histoire inachevée, Jean-Pierre Peyroulou, Paris : Autrement, 2014
- Le Choc des décolonisations, de la guerre d’Algérie aux printemps arabes, Pierre Vermeren, Paris : Odile Jacob, 2015
- La décolonisation et ses conséquences, Révisions du bac, Lemonde.fr, Rue des écoles , Voir le site
- Edition spéciale : la décolonisation, émission à base d’archives, INA, 1962 , Voir le site