Le nationalisme, les indépendances #article

Pourquoi Nasser a-t-il été surnommé le « pharaon » ?

Gamal Abdel Nasser. ©akg-images
Gamal Abdel Nasser a laissé une empreinte durable en Égypte, pays qu’il a dirigé pendant un demi-siècle. Rien ne prédisposait pourtant ce fils de famille modeste, est né en 1918 à Alexandrie, à une grande carrière politique. Ayant grandi dans le Delta du Nil, le jeune Nasser abandonne rapidement ses études de droit pour intégrer l’Académie militaire royale en 1937. L’Égypte, est alors depuis plus de dix ans une monarchie autonome, mais toujours fortement liée, dans les faits, à son ancien colonisateur, la Grande-Bretagne.

Hostile à cette situation de tutelle, Nasser prend la tête du « mouvement des officiers libres », et parvient à renverser le roi Farouk. La République est proclamée le 18 juin 1953, mais Nasser n’en est que premier ministre. Des oppositions se font vite jour avec le président Mohammed Naguib, qui finit par abandonner le pouvoir. Un référendum place Nasser à la plus haute fonction de l’Égypte en 1956.

Anticolonialiste et fervent partisan de l’indépendance politique et économique de l’Égypte, Nasser annonce lors d’un discours à Alexandrie le 26 juillet 1956, la nationalisation de la compagnie du canal de Suez, alors détenue par les Britanniques et les Français. Ceux-ci essayent de s’y opposer lors d’une opération militaire conjointe avec Israël, baptisée « opération mousquetaires ». Leur échec, lié à l’intervention diplomatique des États-Unis et de l’URSS, permit à Nasser d’affirmer sa politique anti-colonialiste. Il se tourne alors vers l’URSS pour l’aider à financer la construction du barrage d’Assouan, encore aujourd’hui l’un des plus hauts du monde.

Mais le président égyptien, qui a fait rapidement taire toute opposition (islamiste comme communiste), refuse aussi de prendre position en faveur de l’un des deux camps qui s’affrontent dans la Guerre Froide. Dès 1955 et la conférence de Bandung, il avait rejoint le « mouvement des non-alignés », qui regroupait tous les pays refusant de prendre parti. Fort de son prestige, Nasser prend aussi la tête du mouvement panarabe, qui voit, pendant quelques années, l’Égypte, la Syrie et le Yémen se réunir sous un même drapeau (1958-1961). Mais des dissensions apparaissent rapidement, et chaque pays retrouve rapidement son indépendance. L’aura de Nasser s’amenuise après cet échec, et surtout après celui de la Guerre des Six-Jours (1967), face à Israël.

Malgré des révoltes étudiantes, auxquelles il réagit en proposant des mesure de libéralisation restées lettres morte, Nasser garde toutefois du prestige dans son pays jusqu’à sa mort le 28 septembre 1970 ; de nos jours il constitue encore une figure de référence pour beaucoup d’Égyptiens.
Antoine Le Bail

Pour aller plus loin :

  • Nasser, the last Arab, Said K. Aburish, Londres : Duckworth, 2004
  • Nasser, un héros en héritage, Tewfick Aclimandos, Les collections de l’histoire, juillet-septembre 2011, 52 , Voir le site
  • Nasser, Anne Alexander, Londres : Haus Publishing, 2005
  • Gamal Abd-el-Nasser, Jack Daumal, Marie Leroy, Paris : Editions Seghers, 1967
  • Nasser, hero of the Arab nation, Joel Gordon, Oxford : Oneworld, 2006
  • Nasser, les documents du Caire, Muhammad Hasanayn Haykal, Paris : Flammarion, 1972
  • Nasser, Jean Lacouture, Paris : Editions du Seuil, 1971
  • Nasser (Gamal Abdel), Lisa Romeo, Les clés du Moyen-Orient, 2010, Voir le site
  • Nasser ou le panarabisme , INA, Dossier INA, 2010 , Voir le site
  • Les Pharaons de l’Égypte moderne : Nasser, Sadate, Moubarak, Jihan el-Tahri, 1952-2011, Paris : Big Sister, Arte Editions, 2015

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