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Pourquoi les accords de Camp David ont-ils changé les relations entre Israël et les pays arabes ?

Menachem Begin, Jimmy Carter et Anouar el-Sadate à Camp David. © IAM / akg-images
À la suite de la création de l’État d’Israël en 1948, les guerres israélo-arabes s’enchaînent. L’occupation israélienne du Golan, du Sinaï, de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de la vieille ville de Jérusalem pendant la guerre des Six Jours en 1967, entraîne un nouvel exode de nombreux Palestiniens. En 1973, la guerre du Kippour éclate. Les armées syriennes, égyptiennes et jordaniennes ont décidé de récupérer ces territoires (Golan et Sinaï). Mais c’est Israël qui sort vainqueur de ce conflit.

La guerre du Kippour provoque le premier choc pétrolier mais aussi l’ouverture paradoxale d’un dialogue entre Israël et l’Égypte. Menahem Begin, premier ministre israélien de l’époque, voit dans la négociation avec l’Égypte la possibilité d’écarter du conflit un adversaire de taille. Anouar el-Sadate, président égyptien, souhaite quant à lui retirer son pays du conflit pour engager des modernisations. Partagé entre la volonté de pacifier ses relations avec Israël et celle de ne pas oublier la cause palestinienne, il se rend à Jérusalem en novembre 1977 pour offrir la paix à Israël. Le 17 septembre 1978, les accords de Camp David sont signés à Washington sous la médiation du Président américain Jimmy Carter.

Le premier accord-cadre pour la paix au Proche-Orient pose les principes des futures négociations sur le sort de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, afin de déboucher sur une autonomie transitoire de cette région palestinienne. Il concerne aussi les relations diplomatiques entre Israël et les pays arabes, dont l’Égypte. Si ce texte n’a jamais été appliqué, le second accord-cadre a posé les bases d’un traité de paix, signé en mars 1979 entre Israël et l’Égypte. Celui-ci permet l’évacuation du Sinaï par l’armée israélienne et une normalisation des relations entre les deux pays. L’Égypte devient ainsi le premier État arabe à reconnaître l’État d’Israël.

En 1978, Menahem Begin et Anouar el-Sadate reçoivent le Prix Nobel de la paix pour ces accords qui témoignent de la possibilité de trouver une issue aux conflits israélo-arabes. Mais el-Sadate se voit reprocher, par les autres nations arabes et les Palestiniens, de ne pas avoir obtenu de concessions israéliennes sur la reconnaissance des droits des Palestiniens à l'autodétermination. Il est assassiné en 1981. Il faut ensuite attendre les accords d’Oslo, en 1993, pour qu’une nouvelle tentative de paix entre Israël et la Palestine soit élaborée.
Fanny Christou

Pour aller plus loin :

  • The complete texts of the Camp David agreements, Joseph R. Ghanem (éd.), Beyrouth : éditions universitaires du Liban, 1981
  • La question de Palestine, Henry Laurens, T.4 1967-1982, Le rameau d'olivier et le fusil du combattant, Paris : Fayard, 2011
  • Le Proche-Orient à la recherche de la paix 1973-1982, Philippe Rondot, Paris : PUF, 1982
  • Conférence de Camp David , Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Les clés du Moyen Orient, 2010 , Voir le site
  • Sadate-Begin, la paix ambiguë, Jihâd Gillon, Querelles d’Orient, 2016 , Voir le site
  • La signature des accords , INA, Edition spéciale, traité israélo-égyptien, 1979, Voir le site

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