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Qui était Saladin ?

Coupe à l’archer à cheval, Syrie du nord, XIIIe siècle, Londres, British Museum. © The Trustees of the British Museum (CC BY-NC-SA 4.0)
Saladin (1138-1193) est né à Tikrit, au nord de Bagdad, ville où son père, Najm al-Din Ayyoub, exerçait la fonction de gouverneur militaire. Sa famille, kurde d’origine arménienne, se mit au service d’un seigneur de Damas. Au milieu du XIIe siècle, Saladin participa pour son compte à une campagne en Égypte contre la dynastie chiite des Fatimides. Il se rendit maître du Caire en 1169, y déposa le califat et rétablit le sunnisme.

Après cette première conquête militaire et religieuse, Saladin, en fin politique et tacticien, s’attacha à contrôler d’immenses territoires stratégiques. Entre 1172 et 1174, il soumit ainsi la majeure partie de la péninsule Arabique, s’octroya le contrôle des lieux saints de Médine et La Mecque et de la navigation en mer Rouge. À l’ouest et au sud, son territoire s’étendait jusqu’à la Tunisie et au Soudan, assurant l’approvisionnement en bois et le contrôle du commerce de l’ivoire, de l’or et des esclaves.

Mais c’est surtout en Syrie et en Palestine que Saladin acquit sa gloire. Par des campagnes militaires, une diplomatie complexe et des stratégies matrimoniales, il s’assura le contrôle d’un espace jusqu’alors morcelé. Saladin mit aussi en œuvre une intense propagande ; dans cette optique, il prônait le jihad contre les Croisés, s’y engageant personnellement. Son plus haut fait de gloire est la victoire de Hattin en 1187, contre les armées du royaume chrétien de Jérusalem. Elle le conduisit à la reconquête de Jérusalem, occupée par les Francs depuis 1099, après la première croisade. Néanmoins, à l’issue de la troisième croisade (1189-1192), quelques mois avant sa mort, il signa un accord avec Richard Cœur de Lion et permit l’ouverture de la ville sainte aux pèlerins chrétiens, dans une cité qui demeurait aux mains de sa famille, les Ayyoubides.

Doté d’un grand charisme, d’une courtoisie rare – Saladin offrit le service de son médecin personnel, Moïse Maïmonide, au monarque anglais blessé –, d’un excellent sens politique et de remarquables qualités militaires, Saladin n’a pas eu de successeur immédiat à la hauteur de sa gloire.
Dominique Misigaro

Pour aller plus loin :

  • Saladin., Anne-Marie Eddé, Paris : Flammarion, 2008
  • Saladin, le sultan chevalier, Jean-Michel Mouton, Paris : Gallimard, 2001
  • L’Orient de Saladin. L’art des Ayyoubides, Eric DELPONT dir., cat. exp., Paris, Institut du monde arabe, 23/10/2001-10/03/2002, Paris, Institut du monde arabe / Gallimard, 2001.
  • Saladin, Anne-Marie Eddé, Les clés du Moyen Orient, 2011, Voir le site
  • Saladin, un héros arabe ?, Christophe Naudin, Histoire pour tous, 2011 , Voir le site
  • Le Talisman, Walter Scott, Littérature 1825
  • Saladin, Mathieu Mariolle, Roberto Meli, Bande Dessinée, Grenoble : Glénat, Paris : Fayard, 2015, Voir le site
  • Saladin, Youssef Chahine, Film, 1963

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