Comment lire une langue où les voyelles ne sont pas indiquées ?
Aux vingt-huit consonnes dont se compose l’alphabet arabe s’ajoutent trois voyelles : a, i et ou. Dans un mot arabe, elles peuvent être courtes ou longues. Cette différence est majeure en arabe, car elle engendre des termes de sens très différents, comme entre kataba (écrire) et kâtaba (écrire à quelqu’un) ou encore entre namâ (s’accroître) et nâma (dormir).
À l’écrit, les voyelles longues sont notées par une lettre propre : ا, ي, و ; au contraire les voyelles courtes ne sont pas toujours indiquées. Elles peuvent cependant être notées grâce à des signes placés au-dessus ou au-dessous des lettres : les diacritiques. Ainsi, بَ se lit « ba », بِ « bi » et بُ « bou ». Il existe aussi un signe pour noter l’absence de toute voyelle, le soukoun, et un autre pour le doublement de la voyelle finale, le tanwin.
L’invention de ces signes diacritiques est attribuée à Abou al-Aswad al-Douali (603-688), l’un des premiers grammairiens arabes, qui les aurait imaginés pour éviter les erreurs de vocalisation lors la récitation du Coran. Cependant, c’est plutôt sous le règne du calife Abd al-Malik (686-705) qu’ils ont réellement été adoptés et généralisés.
Aujourd’hui encore, deux systèmes d’écriture coexistent : la scriptio plena où l’on met toutes les voyelles (notamment dans les textes religieux, poétiques ou didactiques) et la scriptio defectiva, où n’est marqué que le squelette du mot sans voyelles courtes. Même dans ce cas, le lecteur est capable de lire le mot, car la disposition des voyelles en arabe obéit à des règles constantes et régulières.
Comme dans beaucoup d’autres langues, les voyelles placées à la fin des mots servent à marquer le cas des noms (comme dans les déclinaisons latine ou allemande), ou encore la conjugaison des verbes. De plus, la construction des mots arabes se fonde sur une racine de deux, trois ou quatre consonnes, qui représente une notion définie : par exemple, K-T-B indique l’idée de l’écriture. Autour de cette racine s’intercalent des voyelles ou d’autres consonnes, selon un ordre précis, le schème. Les voyelles sont, entre autres, des éléments qui permettent la « dérivation » : longues ou courtes, on les ajoute à la racine pour obtenir les « formes dérivées ». Par exemple, à partir d’une racine trilittère (C-C-C, où C désigne une consonne), les noms de lieu suivent le schème suivant :
m + a + C1 + sokoun + C2 + a + C3 + voyelle variable en fonction du cas
Ainsi, à partir de la racine K-T-B, on obtient maktab (bureau) ; et à partir de la racine S-B-H, masbah (piscine).
Notons enfin que la variation des voyelles à la fin des verbes et des noms est moins riche en arabe dialectal qu’en arabe classique, car la tendance générale est d’abandonner les cas.
Nejmeddine Khalfallah
À l’écrit, les voyelles longues sont notées par une lettre propre : ا, ي, و ; au contraire les voyelles courtes ne sont pas toujours indiquées. Elles peuvent cependant être notées grâce à des signes placés au-dessus ou au-dessous des lettres : les diacritiques. Ainsi, بَ se lit « ba », بِ « bi » et بُ « bou ». Il existe aussi un signe pour noter l’absence de toute voyelle, le soukoun, et un autre pour le doublement de la voyelle finale, le tanwin.
L’invention de ces signes diacritiques est attribuée à Abou al-Aswad al-Douali (603-688), l’un des premiers grammairiens arabes, qui les aurait imaginés pour éviter les erreurs de vocalisation lors la récitation du Coran. Cependant, c’est plutôt sous le règne du calife Abd al-Malik (686-705) qu’ils ont réellement été adoptés et généralisés.
Aujourd’hui encore, deux systèmes d’écriture coexistent : la scriptio plena où l’on met toutes les voyelles (notamment dans les textes religieux, poétiques ou didactiques) et la scriptio defectiva, où n’est marqué que le squelette du mot sans voyelles courtes. Même dans ce cas, le lecteur est capable de lire le mot, car la disposition des voyelles en arabe obéit à des règles constantes et régulières.
Comme dans beaucoup d’autres langues, les voyelles placées à la fin des mots servent à marquer le cas des noms (comme dans les déclinaisons latine ou allemande), ou encore la conjugaison des verbes. De plus, la construction des mots arabes se fonde sur une racine de deux, trois ou quatre consonnes, qui représente une notion définie : par exemple, K-T-B indique l’idée de l’écriture. Autour de cette racine s’intercalent des voyelles ou d’autres consonnes, selon un ordre précis, le schème. Les voyelles sont, entre autres, des éléments qui permettent la « dérivation » : longues ou courtes, on les ajoute à la racine pour obtenir les « formes dérivées ». Par exemple, à partir d’une racine trilittère (C-C-C, où C désigne une consonne), les noms de lieu suivent le schème suivant :
m + a + C1 + sokoun + C2 + a + C3 + voyelle variable en fonction du cas
Ainsi, à partir de la racine K-T-B, on obtient maktab (bureau) ; et à partir de la racine S-B-H, masbah (piscine).
Notons enfin que la variation des voyelles à la fin des verbes et des noms est moins riche en arabe dialectal qu’en arabe classique, car la tendance générale est d’abandonner les cas.
Nejmeddine Khalfallah
Pour aller plus loin :
- Deux grands “mythes scientifiques” relatifs au système d’écriture de l'arabe , Joseph Dichy, L’Arabisant, 1997 , Voir le site