Les premières inscriptions arabes
L’arabe avant l’Islam
La forme ancienne de l’arabe, c’est-à-dire préislamique, nous est connue par deux types de sources : les textes littéraires et les inscriptions. Parmi les textes littéraires, la production était surtout orale et n’a laissé que peu de traces. Ceux qui nous sont parvenus sont principalement le Coran et la poésie. Mais l’arabe, comme les autres langues sémitiques de la région, a laissé ses premiers témoignages dans la pierre. L’étude des inscriptions, l’épigraphie, permet de remonter le fil de l’évolution de la langue et de son écriture. Cet état de la langue est donc nommé « arabe épigraphique préislamique ».
Sous la forme de divers dialectes, l’arabe était parlé depuis des périodes très anciennes. Les Assyriens y font notamment référence au VIIIe siècle av. J-C. Des populations parlaient cette langue dans péninsule Arabique, et dans les régions correspondant à l’Irak, la Syrie et même l’Égypte actuels. L’arabe n’était généralement pas écrit mais coexistait avec d’autres langues qui pouvaient l’être. L’oralité resta majoritaire au moins jusqu’à l’avènement de l’islam. Les plus anciennes traces de l’arabe, utilisent des systèmes d’écriture étrangers : nabatéen, araméen ou autres.
En fait, la langue arabe ne possède pas d’écriture propre avant le Ve siècle ap. J-C. Il est donc parfois difficile de distinguer à quelle langue on a vraiment affaire. Par la suite, alors que certaines cultures déclinent, notamment au profit de l’arabe, des textes rédigés dans des écritures de transition se retrouvent, et les ambiguïtés quant à la langue à lire disparaissent. Un alphabet à mi-chemin entre le nabatéen et l’arabe est alors utilisé.
Les graffiti : messages d’une autre époque
Les inscriptions de toutes ces périodes n’ont pas de portée littéraire, et aucune recherche particulière d’esthétique ne semble s’y trouver. La très grande majorité sont en fait des graffiti. Ils étaient écrits de manière privée et autonome, par un individu quelconque désirant laisser une trace de son existence ou de ses préoccupations. L’étude de ces graffiti est d’autant plus intéressante que les textes sont authentiques et n’ont pas été soumis à la censure et rarement à la correction. La plupart des écrits qui nous sont parvenus des débuts de l’Islam sont d’ailleurs aussi des graffiti, répartis sur ce qui constituait alors les routes des caravanes et des pèlerins.
Les premiers écrits de l’Islam
Les graffiti de période islamique sont principalement situés en Arabie Saoudite, mais également en Jordanie, en Syrie, en Irak et dans le Sinaï. On a même pu en trouver jusque sur les îles de Chypre et de Chios. Partout, en fait, où l’environnement permettait leur écriture et surtout leur conservation. La multiplication du nombre de graffiti semble indiquer le passage à une culture écrite. Les thèmes abordés vont de la foi et la crainte du jugement dernier, à l’expression de sentiments comme l’amour, la fraternité ou la solitude. Le contexte politique n’était généralement pas mentionné, mais les rares fois où il l’était, le texte nous permet de confirmer la véracité d’un évènement historique, comme le graffiti daté de 644 et faisant mention de la mort d’Omar, le deuxième calife et compagnon du prophète Muhammad. Un soin commença à être accordé à l’écriture des lettres, à la justification des textes et à leur embellissement par diverses illustrations d’animaux ou de personnages.
Au cours des débuts de l’Islam, les inscriptions monumentales étaient un moyen d’affirmation du pouvoir politique. Le calife Abd al-Malik construisant le Dôme du Rocher à Jérusalem en 691, y apposa une inscription pour en perpétuer le souvenir.
Le style calligraphique utilisé, dit coufique, est anguleux et dépourvu de points, ce qui rend sa lecture difficile. La valorisation de l’écriture s’accompagna d’une sophistication progressive de l’écriture arabe. L’importance liturgique de l’arabe dans l’islam joua nécessairement un rôle dans cette évolution.
Ludwig Ruault
La forme ancienne de l’arabe, c’est-à-dire préislamique, nous est connue par deux types de sources : les textes littéraires et les inscriptions. Parmi les textes littéraires, la production était surtout orale et n’a laissé que peu de traces. Ceux qui nous sont parvenus sont principalement le Coran et la poésie. Mais l’arabe, comme les autres langues sémitiques de la région, a laissé ses premiers témoignages dans la pierre. L’étude des inscriptions, l’épigraphie, permet de remonter le fil de l’évolution de la langue et de son écriture. Cet état de la langue est donc nommé « arabe épigraphique préislamique ».
Sous la forme de divers dialectes, l’arabe était parlé depuis des périodes très anciennes. Les Assyriens y font notamment référence au VIIIe siècle av. J-C. Des populations parlaient cette langue dans péninsule Arabique, et dans les régions correspondant à l’Irak, la Syrie et même l’Égypte actuels. L’arabe n’était généralement pas écrit mais coexistait avec d’autres langues qui pouvaient l’être. L’oralité resta majoritaire au moins jusqu’à l’avènement de l’islam. Les plus anciennes traces de l’arabe, utilisent des systèmes d’écriture étrangers : nabatéen, araméen ou autres.
En fait, la langue arabe ne possède pas d’écriture propre avant le Ve siècle ap. J-C. Il est donc parfois difficile de distinguer à quelle langue on a vraiment affaire. Par la suite, alors que certaines cultures déclinent, notamment au profit de l’arabe, des textes rédigés dans des écritures de transition se retrouvent, et les ambiguïtés quant à la langue à lire disparaissent. Un alphabet à mi-chemin entre le nabatéen et l’arabe est alors utilisé.
Les graffiti : messages d’une autre époque
Les inscriptions de toutes ces périodes n’ont pas de portée littéraire, et aucune recherche particulière d’esthétique ne semble s’y trouver. La très grande majorité sont en fait des graffiti. Ils étaient écrits de manière privée et autonome, par un individu quelconque désirant laisser une trace de son existence ou de ses préoccupations. L’étude de ces graffiti est d’autant plus intéressante que les textes sont authentiques et n’ont pas été soumis à la censure et rarement à la correction. La plupart des écrits qui nous sont parvenus des débuts de l’Islam sont d’ailleurs aussi des graffiti, répartis sur ce qui constituait alors les routes des caravanes et des pèlerins.
Les premiers écrits de l’Islam
Les graffiti de période islamique sont principalement situés en Arabie Saoudite, mais également en Jordanie, en Syrie, en Irak et dans le Sinaï. On a même pu en trouver jusque sur les îles de Chypre et de Chios. Partout, en fait, où l’environnement permettait leur écriture et surtout leur conservation. La multiplication du nombre de graffiti semble indiquer le passage à une culture écrite. Les thèmes abordés vont de la foi et la crainte du jugement dernier, à l’expression de sentiments comme l’amour, la fraternité ou la solitude. Le contexte politique n’était généralement pas mentionné, mais les rares fois où il l’était, le texte nous permet de confirmer la véracité d’un évènement historique, comme le graffiti daté de 644 et faisant mention de la mort d’Omar, le deuxième calife et compagnon du prophète Muhammad. Un soin commença à être accordé à l’écriture des lettres, à la justification des textes et à leur embellissement par diverses illustrations d’animaux ou de personnages.
Au cours des débuts de l’Islam, les inscriptions monumentales étaient un moyen d’affirmation du pouvoir politique. Le calife Abd al-Malik construisant le Dôme du Rocher à Jérusalem en 691, y apposa une inscription pour en perpétuer le souvenir.
Le style calligraphique utilisé, dit coufique, est anguleux et dépourvu de points, ce qui rend sa lecture difficile. La valorisation de l’écriture s’accompagna d’une sophistication progressive de l’écriture arabe. L’importance liturgique de l’arabe dans l’islam joua nécessairement un rôle dans cette évolution.
Ludwig Ruault
Pour aller plus loin :
- L’Islam des pierres : l’expression de la foi dans les graffiti arabes des premiers siècles , Frédéric Imbert, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 129, juillet 2011, p. 57-78
- Graffitis islamiques du début de l’islam : nouvelles découvertes en Arabie Saoudite , Frédéric Imbert, Canal académie, 2013, Voir le site
- Les plus anciens monuments de la langue arabe , Christian Robin, Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 61, 1991, pp. 113-125 , Voir le site