La langue arabe et sa transmission #article

Arabe classique, standard, moderne ou littéraire ?

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Si les premières traces de la langue arabe existent dès les IXe-VIIIe siècles avant J. -C., les origines de l’arabe dit « classique » remontent à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle de notre ère. Elles sont attestées par plusieurs inscriptions provenant de la péninsule Arabique, de Syrie et de Jordanie. Aujourd’hui langue officielle de 25 États, l’arabe standard fait partie, avec les dialectes de l’espace public, des sociétés du monde arabe

Avant la naissance de l’islam au VIIe siècle dans la péninsule Arabique, la langue qui deviendra plus tard l’arabe classique est en plein essor et sert notamment pour la poésie. Les artisans de ces poèmes préislamiques étaient des Bédouins des tribus du Nedjd et du Hedjaz, deux régions de la péninsule Arabique, qui avaient comme langue maternelle différents dialectes. En revanche, la langue qu’ils réservaient à la poésie leur était commune et avait été façonnée par un long travail de diffusion et de transmission qui s’est initié dès l’époque préislamique. Leur œuvre a fait plus tard l’objet de recueils et de commentaires notamment par les grammairiens des écoles irakiennes de Bassorah et Koufa qui ont vu dans cette œuvre un héritage précieux. Cette standardisation est une étape cruciale dans l’histoire de la langue arabe et du monde islamique puisque cette prose, les traités de grammaire auxquels elle a donné naissance ainsi que le Coran, constituent les textes de référence pour la grammaire arabe. Cette langue « classique » alors normalisée a ensuite été diffusée jusqu’aux côtes de l’océan Atlantique au rythme des conquêtes musulmanes.

L’arabe que l’on qualifie aujourd’hui de « moderne » ou « standard » est la variante qui a été simplifiée au XIXe siècle, moment de la Nahda, la « Renaissance arabe ». Depuis Beyrouth ou Le Caire, principaux centres de cette vague réformatrice, les intellectuels et les universitaires se sont mis à traduire et à produire des textes nouveaux dans un arabe qu’ils ont simplifié et affranchi de son aspect religieux.

Seule variante aujourd’hui officiellement écrite, l’arabe standard enseigné dès les premières années de l’école dans les pays arabes, n’est compris et maîtrisé que par les personnes qui ont bénéficié d’une instruction, même si l’apparition des chaînes satellitaires a fait récemment évoluer cet état de fait. Encore langue de prestige car langue du Coran, elle est aussi celle de la littérature, du théâtre, de l’université, des médias etc. Dialectal, littéraire, standard, moderne, médian ou classique, l’arabe reste la langue d’un peuple multiple aux cultures variées.
Jules Arsenne

Pour aller plus loin :

  • Eléments de l’arabe classique, Régis Blachère , Paris : Maisonneuve et Larose, 1961
  • Koinè, langues communes et dialectes arabes, David Cohen, Etudes de linguistique sémitique et arabe, La Haye, Paris : Mouton, 1970, p. 105-125
  • L’arabe classique : esquisse d’une structure linguistique, Henri Fleisch, Beyrouth : Dar el Machreq, 196
  • Moyen arabe et arabe moyen , Pierre Larcher, Arabica, 48, 2001, p. 578-609
  • Linguistique arabe et pragmatique, Pierre Larcher, Beyrouth : Presses de l’IFPO, 2014
  • The Arabic Language, Kees Versteegh, Edimbourg : Edinburgh University Press, 2014

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