Peut-on traduire le Coran ?
Le Coran est avant tout un texte à dimension orale, ayant pour vocation d’être récité et occupant une place essentielle dans la liturgie islamique, notamment pour la prière. L’idée de traduction fait polémique dans l’islam, à cause du statut oral du texte, mais aussi et surtout de son caractère inimitable, qui constituerait l’un des aspects miraculeux de la révélation.
Cependant, le texte coranique a toujours été utilisé dans de nombreux aspects quotidiens des sociétés musulmanes et dès lors, paraphrasé et expliqué, y compris dans les langues vernaculaires des croyants. Dès le Xe siècle le commentaire coranique d’al-Tabari (m. 923) est traduit en persan puis en turc ; quelques siècles plus tard apparaissent en Perse les premiers Corans bilingues.
Un récit apocryphe relate qu’un compagnon perse du prophète Muhammad aurait déjà traduit certains versets dans le cadre de sa pratique religieuse, et qu’il aurait été approuvé. Le rite hanafite, important dans les zones non arabes du monde islamique, autorise dans une certaine mesure l’utilisation de traductions coraniques pour les non-arabophones C’est la littérature populaire qui fait le plus usage de traductions ou d’adaptations du texte coranique. Mais les auteurs persans et turcs s’adressant à un public cultivé citent volontiers le Coran en arabe. Que ce soit en Turquie ou en Iran, il est toujours indispensable de connaître l’arabe pour poursuivre un cursus théologique ; toutefois, de nouvelles traductions du Coran sont régulièrement éditées.
Si l’on excepte le grec et le syriaque, les premières traductions du Coran dans des langues non-musulmanes s’inscrivent dans un rapport conflictuel avec l’islam. La plus ancienne traduction en latin fut effectuée en Espagne à la demande de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny au XIIe siècle.
À partir du XVIIIe siècle et surtout du XIXe siècle, les traductions en langues européennes se multiplient. Elles se distinguent par leur effort stylistique et par leur recours à des commentaires et à la littérature islamique classique. Avec le développement de la philologie et des études bibliques, un nouveau regard est porté sur la traduction du Coran, en même temps que sur l’édition du texte original. En 1949, Régis Blachère publie une traduction accompagnée d’une introduction au Coran, cherchant à établir l’historicité du texte. Parmi les autres traductions françaises notables, signalons celle de Denise Masson (1967) approuvée par l’Université d’al-Azhar et qui se revendique comme peu interprétative. Dans la traduction de Jacques Berque (1990), l’auteur s’est efforcé de rendre la rythmique du texte original.
Ludwig Ruault
Cependant, le texte coranique a toujours été utilisé dans de nombreux aspects quotidiens des sociétés musulmanes et dès lors, paraphrasé et expliqué, y compris dans les langues vernaculaires des croyants. Dès le Xe siècle le commentaire coranique d’al-Tabari (m. 923) est traduit en persan puis en turc ; quelques siècles plus tard apparaissent en Perse les premiers Corans bilingues.
Un récit apocryphe relate qu’un compagnon perse du prophète Muhammad aurait déjà traduit certains versets dans le cadre de sa pratique religieuse, et qu’il aurait été approuvé. Le rite hanafite, important dans les zones non arabes du monde islamique, autorise dans une certaine mesure l’utilisation de traductions coraniques pour les non-arabophones C’est la littérature populaire qui fait le plus usage de traductions ou d’adaptations du texte coranique. Mais les auteurs persans et turcs s’adressant à un public cultivé citent volontiers le Coran en arabe. Que ce soit en Turquie ou en Iran, il est toujours indispensable de connaître l’arabe pour poursuivre un cursus théologique ; toutefois, de nouvelles traductions du Coran sont régulièrement éditées.
Si l’on excepte le grec et le syriaque, les premières traductions du Coran dans des langues non-musulmanes s’inscrivent dans un rapport conflictuel avec l’islam. La plus ancienne traduction en latin fut effectuée en Espagne à la demande de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny au XIIe siècle.
À partir du XVIIIe siècle et surtout du XIXe siècle, les traductions en langues européennes se multiplient. Elles se distinguent par leur effort stylistique et par leur recours à des commentaires et à la littérature islamique classique. Avec le développement de la philologie et des études bibliques, un nouveau regard est porté sur la traduction du Coran, en même temps que sur l’édition du texte original. En 1949, Régis Blachère publie une traduction accompagnée d’une introduction au Coran, cherchant à établir l’historicité du texte. Parmi les autres traductions françaises notables, signalons celle de Denise Masson (1967) approuvée par l’Université d’al-Azhar et qui se revendique comme peu interprétative. Dans la traduction de Jacques Berque (1990), l’auteur s’est efforcé de rendre la rythmique du texte original.
Ludwig Ruault
Pour aller plus loin :
- Qur'an translation, discourse, texture and exegesis, Hussein Abdul-Raof, Richmond : Routledge, 2001
- « Traductions », dans Mohammad Ali Amir Moezzi, François Déroche, Dictionnaire du Coran, Paris : Robert Laffont, 2007, p. 874-876
- « Occident et Coran », dans Mohammad Ali Amir Moezzi, Pierre Lory, Dictionnaire du Coran, Paris : Robert Laffont, 2007, p. 611-612
- Les premières traductions françaises du Coran, (XVIIe-XIXe siècles), Sylvette Larzul, Archives de Sciences sociales des religions, juillet-septembre 2009, 147, p. 147-165, Voir le site
- Quelques remarques sur la traduction du Coran en langue française , Pierre Lory, dans Truchements – Essais sur la méthodologie de la traduction, Université de Bordeaux III, 1985
- Les traductions françaises du Coran, de l’orientalisme à une lecture plus musulmane ? , Amélie Neuve-Eglise, La revue de Téhéran, octobre 2006, 11, Voir le site
- Le Coran et ses traductions en français , IESR, Institut européen en science des religions, 2007 , Voir le site