Qui sont les chrétiens du monde arabe ?
Hormis les étrangers qui y travaillent de manière temporaire, quelques retraités occidentaux installés pour des raisons climatiques et, enfin, certains autochtones convertis (comme au Maroc et en Algérie, surtout par des évangélistes), les chrétiens qui vivent actuellement dans le monde arabe ont une histoire qui remonte bien avant la naissance et l’expansion de l’islam, au VIIe siècle.
Le christianisme était alors divisé, en plusieurs branches : catholiques romains en Méditerranée occidentale, orthodoxes byzantins en Méditerranée orientale, monophysites (syriaques ou jacobites au Moyen-Orient, coptes en Égypte), nestoriens en Syrie-Turquie-Irak (devenus les assyro-chaldéens), maronites du Mont Liban (apparus au Ve siècle, et rattachés à Rome en 1182), plus d’innombrables « hérésies » aujourd’hui disparues. Les différences entre chacune de ces tendances tiennent souvent à des points précis de dogme : existence ou non d’une « double nature » du Christ, statut exact de la Vierge ou de la Trinité, etc. Mais elles s’expliquent aussi par le contexte politique de leur naissance. Selon les dénominations, les langues liturgiques étaient (et restent) le grec, le syriaque (araméen), l’arabe, etc. Ces églises orientales, largement arabisées, se sont maintenues, même si beaucoup de fidèles se convertirent à l’islam au fil du temps, souvent pour des raisons fiscales et professionnelles.
La présence catholique se renforça au Proche-Orient au XVIe siècle, avec le développement des relations entre l’Europe et le monde islamique. En 1860, les massacres de maronites libanais par des druzes (une branche lointaine du chiisme), puis de chrétiens de Damas par des sunnites, firent près de 10 000 victimes, ce qui entraîna une intervention occidentale, la « Conférence des ambassadeurs ». Les églises protestantes se développèrent alors dans la région, ainsi que la présence catholique française. À la suite du génocide mené par les Jeunes Turcs en 1915-1916, les rescapés arméniens s’installèrent aussi durablement en Syrie et au Liban.
Les chrétiens d’Orient furent les premiers Arabes séduits, au XIXe siècle, par l’idée de nation, basée sur la séparation entre le religieux et le politique, l’identité arabe et l’existence d’un territoire national, la patrie. De nos jours, les chrétiens sont environ 45% au Liban, moins de 10% en Syrie comme en Égypte, quelque 5% en Jordanie, et 1,5% en Irak.
Stéphane Valter
Le christianisme était alors divisé, en plusieurs branches : catholiques romains en Méditerranée occidentale, orthodoxes byzantins en Méditerranée orientale, monophysites (syriaques ou jacobites au Moyen-Orient, coptes en Égypte), nestoriens en Syrie-Turquie-Irak (devenus les assyro-chaldéens), maronites du Mont Liban (apparus au Ve siècle, et rattachés à Rome en 1182), plus d’innombrables « hérésies » aujourd’hui disparues. Les différences entre chacune de ces tendances tiennent souvent à des points précis de dogme : existence ou non d’une « double nature » du Christ, statut exact de la Vierge ou de la Trinité, etc. Mais elles s’expliquent aussi par le contexte politique de leur naissance. Selon les dénominations, les langues liturgiques étaient (et restent) le grec, le syriaque (araméen), l’arabe, etc. Ces églises orientales, largement arabisées, se sont maintenues, même si beaucoup de fidèles se convertirent à l’islam au fil du temps, souvent pour des raisons fiscales et professionnelles.
La présence catholique se renforça au Proche-Orient au XVIe siècle, avec le développement des relations entre l’Europe et le monde islamique. En 1860, les massacres de maronites libanais par des druzes (une branche lointaine du chiisme), puis de chrétiens de Damas par des sunnites, firent près de 10 000 victimes, ce qui entraîna une intervention occidentale, la « Conférence des ambassadeurs ». Les églises protestantes se développèrent alors dans la région, ainsi que la présence catholique française. À la suite du génocide mené par les Jeunes Turcs en 1915-1916, les rescapés arméniens s’installèrent aussi durablement en Syrie et au Liban.
Les chrétiens d’Orient furent les premiers Arabes séduits, au XIXe siècle, par l’idée de nation, basée sur la séparation entre le religieux et le politique, l’identité arabe et l’existence d’un territoire national, la patrie. De nos jours, les chrétiens sont environ 45% au Liban, moins de 10% en Syrie comme en Égypte, quelque 5% en Jordanie, et 1,5% en Irak.
Stéphane Valter
Pour aller plus loin :
- L'Égypte copte, les chrétiens du Nil, Christian Cannuyer, Paris : Gallimard, 2000
- Chrétiens du monde arabe, un archipel en terre d'Islam, Bernard Heyberger, Paris : Autrement, 2003
- Les Maronites, chrétiens du Liban, Ray Jabre Mouawad, Turnhout : Brepols, 2009
- Voyage chez les chrétiens d'Orient, Frédéric Pichon, Paris : Presses de la Renaissance, 2006
- L'art copte en Égypte, 2000 ans de christianisme, [cat. exp. Paris, Institut du monde arabe, 2000], Paris : Institut du monde arabe, 2000.
- Minorités chrétiennes en terre d’islam, Bernard Heyberger, Canal U, 2014, Voir le site
- La fin des chrétiens d’Orient , Arte France, 2015